M. Manu Rangachari

Ph. D., professeur agrégé, professeur adjoint

photo of Dr. Manu Rangachari

M. Rangachari a suivi une formation d’immunologiste moléculaire et cellulaire lors de ses études doctorales à Toronto et à Vienne sous la supervision de M. Josef Penninger, Ph. D., et, par la suite, en tant que boursier à la Harvard Medical School sous la supervision de M. Vijay Kuchroo, Ph. D. Son champ d’intérêt portait sur les mécanismes de l’auto-immunité dirigés par les lymphocytes T. En tant qu’étudiant postdoctoral, il a orienté ses travaux de recherche sur l’implication de ces mécanismes dans le contexte de la SP, maladie qui affiche un taux d’incidence extrêmement élevé au Canada. Plus particulièrement, il a étudié le rôle potentiel des molécules de signalisation immunitaire inhibitrices de l’inflammation causée par les lymphocytes T chez des modèles animaux de SP. En reconnaissance de l’importance de ses travaux dans le domaine de la SP au Canada, il a reçu la prestigieuse bourse de transition études-carrière EMD Serono – Réseau de recherche et de formation stopSP (500 000 $; 2011-2016). Chercheur indépendant à l’Université Laval depuis 2013, il a mis sur pied un programme de recherche axé sur le rôle de l’immunité adaptative dans le contexte de la SP progressive secondaire (SPPS). Il est notamment motivé par le fait que près de 40 % des personnes atteintes de SP voient leur état évoluer vers la SPPS, mais que leurs options de traitement sont limitées. Aussi, malgré d’importantes données cliniques démontrant l’implication des lymphocytes en cas de SPPS, il existe peu de modèles animaux permettant d’étudier ce phénomène. Chercheur-boursier Junior 1 du FRQS depuis 2014, il a créé l’un des rares modèles murins qui permettent d’étudier le rôle des lymphocytes T dans le contexte de la SPPS. Étonnamment, la fréquence de transition des souris atteintes de SP vers la SPPS s’apparente fortement à celle observée chez les humains. Ainsi, il est désormais possible de disséquer et d’étudier les mécanismes moléculaires et cellulaires qui conduisent à la pathogenèse de la SPPS.

Question et réponses avec M. Rangachari

Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à la recherche sur la SP? Qu’est-ce qui vous incite à poursuivre des travaux dans ce domaine?

Mon intérêt pour la recherche sur la SP pourrait bien remonter aux années 1980, durant lesquelles j’ai participé plusieurs fois au Marathon de lecture SP, organisé par la Société de la SP! Je pense que mes parents ont gardé l’animal en peluche que j’ai reçu pour mes efforts. Dans ma vie adulte, j’ai été attiré par la recherche sur la SP pendant mes études doctorales en 2006. J’ai une formation d’immunologiste cellulaire, et je m’intéresse particulièrement aux maladies auto-immunes. La SP est une maladie auto-immune qui affiche un taux d’incidence très élevé au Canada. Il était donc logique que je cherche à mieux comprendre l’effet régulateur du système immunitaire sur cette maladie.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans la recherche et quels sont les plus grands défis auxquels vous faites face?

Je trouve exaltant de découvrir quelque chose que personne d’autre au monde ne connaît, surtout si cette découverte pourrait un jour aider les personnes atteintes d’une maladie comme la SP. J’aime aussi collaborer avec des gens originaires d’autres pays et aux parcours différents. La recherche peut être source de frustrations, notamment lorsque les expériences ne donnent pas de résultats clairs et qu’il faut retourner à la table à dessin. Cela dit, je suis un fidèle partisan des Maple Leafs de Toronto depuis 35 ans... la persévérance, ça me connaît!

Quelle importance accordez-vous à la collaboration et dans quelle mesure y avez-vous recours dans le cadre de vos travaux de recherche?

Au XXIe siècle, la collaboration en science est essentielle si on veut générer des résultats utiles. C’est particulièrement vrai dans le cas d’une maladie complexe comme la SP, qui dépend de nombreux facteurs, comme la génétique, l’alimentation, les dommages au système nerveux et les perturbations du système immunitaire. Comme je fais de la recherche fondamentale, j’établis des liens collaboratifs avec des cliniciens spécialisés en SP de Québec et de Lévis, la ville voisine, pour mettre à l’essai nos idées relatives aux cellules dérivées de personnes vivant avec la SP. Nous travaillons également avec des immunologistes de l’Université Harvard et des pathologistes à l’œuvre en Europe pour mieux comprendre l’effet de la protéine qui nous intéresse sur les souris atteintes d’une maladie similaire à la SP.

Dans quelle mesure le soutien fourni par la Société canadienne de la SP vous permet-il de mener à bien vos travaux de recherche?

Le soutien de la Société de la SP est essentiel à la poursuite de mes travaux et, plus généralement, à la recherche sur la SP au Canada. Grâce à la Société de la SP, nous demeurons des chefs de file de l’étude de cette maladie. J’ai reçu des subventions de la Société de la SP de façon presque continue depuis 2007, d’abord à titre de chercheur postdoctoral, puis comme chercheur indépendant. Le soutien de la Société de la SP a donc été essentiel à la réussite de mon programme. Je peux dire que les fonds que j’ai amassés pendant le Marathon de lecture SP il y a des années ont rapporté!

Si vous pouviez poser une seule question à une personne vivant avec la SP qui pourrait vous aider à concevoir une étude, quelle serait-elle?

J’aimerais en savoir plus sur les aspects de la vie avec la SP, outre les problèmes de mobilité. La plupart de nos modèles animaux peuvent nous renseigner sur la mobilité, l’équilibre et la vision, mais ne permettent pas de modéliser efficacement les troubles cognitifs et l’incontinence, entre autres. Si nous avions accès à cette information, nous pourrions concevoir de meilleurs modèles ciblant tous les aspects de la SP.