Du nouveau sur la rémyélinisation, à l'issue d'une étude financée par la Société de la SP

Contexte : Remyélinisation et SP

Les symptômes de la sclérose en plaques sont causés par la détérioration de la myéline, substance qui recouvre et protège les fibres nerveuses (axones) présentes dans le cerveau, la moelle épinière et les nerfs optiques (système nerveux central – SNC). En isolant les axones, cette substance favorise la propagation de l’influx nerveux nécessaire au maintien de l’intégrité de diverses fonctions comme voir, marcher, écrire et parler. Lorsque la myéline est abîmée, les messages circulant dans le SNC sont énormément ralentis, voire complètement bloqués.

Au cours du processus normal de développement, un groupe de cellules appelées oligodendrocytes fabriquent de la myéline. En raison de leur rôle crucial, ces cellules ont fait l’objet d’études intensives afin de voir si elles pouvaient se remettre à fabriquer de la myéline (remyélinisation) lorsque celle-ci est détériorée par la suite d’une attaque du système immunitaire déclenchée par la SP. Sachant qu’un certain degré de remyélinisation du SNC a déjà été observé chez des personnes atteintes de SP, les chercheurs tentent d’identifier les cellules à l’origine de ce phénomène et de voir si ce degré de remyélinisation est suffisant pour rétablir les fonctions perdues.

Le Dr Jack Antel, chercheur et clinicien titulaire d’une subvention de la Société canadienne de la SP, dirige une équipe de fondamentalistes spécialisés en SP, à l’Université McGill. Cette équipe étudie le processus de remyélinisation au moyen d’une série d’expérimentations élaborées tant sur la cellule que chez l’animal et l’être humain. Selon leurs plus récents résultats, publiés dans l’American Journal of Pathology, les précurseurs des oligodendrocytes (PO) – oligodendrocytes immatures – peuvent fabriquer de la myéline saine chez la personne atteinte de SP, à la suite d’une lésion à médiation immunitaire.

Méthodologie et résultats

Le Dr Antel et ses collaborateurs ont mené une série d’expériences en laboratoire visant à comparer les oligodendrocytes et leurs précurseurs quant à leur nombre et à leur potentiel de remyélinisation. Pour ce faire, ils ont utilisé des échantillons de tissu de personnes atteintes de SP et de volontaires en santé.

Sommaire des résultats

  1. En comparant les échantillons de tissu des personnes atteintes de SP à ceux des volontaires en santé, les chercheurs ont remarqué que les PO étaient plus sensibles aux attaques que les oligodendrocytes.
    • Cette conclusion repose sur le fait que le nombre de PO diminuait davantage que celui des oligodendrocytes, ce qui donne à penser que les PO sont plus vulnérables que les oligodendrocytes à l’activité destructrice des cellules immunitaires dans le contexte de la SP.
  2. Les PO pouvaient se rendre sur le site des lésions et commencer à réparer les tissus.
    • Ce fait montre que les PO participent à la promotion de la remyélinisation dans le contexte de la SP.
  3. Lorsque des oligodendrocytes étaient intégrés aux cultures cellulaires, ils n’ont pas fabriqué de myéline.
    • Cette constatation laisse supposer que les oligodendrocytes ne sont pas les principales cellules à l’origine de la rémyélinisation.
  4. Lorsque les PO ont été retirés des cultures cellulaires, la remyélinisation ne s’est pas produite.
    • Ce fait porte à croire que la réparation des lésions de SP requiert la présence de PO.

Portée

Ces nouvelles données montrent que les précurseurs des oligodendrocytes ou PO (cellules immatures) peuvent jouer un rôle plus important que les oligodendrocytes matures dans la réparation des tissus, suivant une poussée de SP. En fait, on peut conclure de cette étude subventionnée par la Société de la SP que la détérioration ou la diminution du nombre des PO contribue largement à freiner le processus de remyélinisation chez les personnes atteintes de SP, ce qui peut favoriser la progression de cette maladie. Si ces résultats sont confirmés, il est fort probable qu’on assiste à l’élaboration de traitements contre la SP capables de stimuler l’activité des PO ou d’en promouvoir la survie afin d’accroître leur potentiel de remyélinisation.

Source :
Cui Q, et al., « Oligodendrocyte progenitor cell susceptibility to injury in multiple sclerosis », American Journal of Pathology 2013 7 Juin [Publié en ligne avant impression].