Examen des hospitalisations aux soins intensifs de personnes atteintes de SP lors d’une étude subventionnée par la Société canadienne de la SP

Contexte

On en sait peu sur le risque d’hospitalisation aux soins intensifs (SI) des personnes atteintes de SP relativement jeunes et sur l’issue de ce type d’hospitalisation. Il a été démontré que la SP est associée à un risque accru d’infection et de maladie cardiaque qui pourrait accroître le risque d’hospitalisation aux SI. Il est donc essentiel d’approfondir le corpus de connaissances sur l’hospitalisation des personnes atteintes de SP aux SI dans l’intérêt de ces dernières et dans celui des professionnels de la santé.
Une étude subventionnée par la Société canadienne de la SP et menée par l’équipe de recherche de la Dre Ruth Ann Marrie, qui est titulaire d’une bourse de perfectionnement Donald Paty, avait pour but de comparer les incidences de l’hospitalisation aux SI relevées parmi les patients atteints de SP et au sein de la population générale du Manitoba. L’équipe a également étudié les motifs d’hospitalisation aux SI et la mortalité après l’hospitalisation aux SI.


Description de l’étude

Pour mieux comprendre le lien qui pourrait exister entre la SP et l’hospitalisation aux SI, la Dre Marrie et ses collaborateurs ont recueilli des données administratives provinciales anonymisées, grâce auxquelles ils ont repéré plus de 5 000 Manitobains atteints de SP et des sujets de la population générale qui avaient les mêmes caractéristiques que ces derniers (témoins), ainsi que des données cliniques tirées de la base de données sur les SI de l’Office régional de la santé de Winnipeg, qui porte sur 93 % des hospitalisations d’adultes aux SI dans la province. En outre, ils ont examiné les caractéristiques des maladies graves présentées par les personnes atteintes de SP afin de déterminer les principaux motifs d’hospitalisation de celles-ci aux SI et la gravité de leur état au moment de leur hospitalisation. Ils ont émis l’hypothèse que les taux d’hospitalisation aux SI et de mortalité après l’hospitalisation aux SI seraient plus élevés chez les personnes atteintes de SP que chez les témoins. Ils ont également supposé que les infections seraient le principal facteur à l’origine de cette hausse du taux d’hospitalisation aux SI chez les personnes atteintes de SP.


Résultats

Il est ressorti de cette étude que le risque d’hospitalisation aux SI était plus élevé parmi les patients atteints de SP qu’au sein de la population générale. Plus précisément, 4,3 % des personnes atteintes de SP à l’étude avaient été hospitalisées aux SI, comparativement à 2,4 % des témoins de la population générale auxquels elles avaient été appariées. Les chercheurs ont également remarqué qu’en moyenne, les personnes atteintes de SP étaient plus jeunes que les témoins au moment de leur hospitalisation aux SI.
De plus, les données examinées ont révélé que la mortalité avait été deux fois plus élevée chez les personnes atteintes de SP que chez les témoins un an après l’hospitalisation aux SI, et qu’elle avait été particulièrement élevée chez les jeunes de 18 à 39 ans atteints de SP. Enfin, comme l’avaient supposé les chercheurs, les personnes atteintes de SP étaient plus susceptibles que les témoins d’être hospitalisées aux SI en raison d’une infection.


Commentaires

Les résultats de cette étude subventionnée par la Société canadienne de la SP viennent enrichir le corpus restreint de données sur la fréquence et les motifs d’hospitalisation des personnes atteintes de SP aux SI. Il apparaît essentiel de prêter une attention toute particulière à la prévention des infections et à la prise en charge des maladies concomitantes chez les personnes atteintes de SP, afin de réduire le risque d’hospitalisation aux SI et de décès après l’hospitalisation aux SI, qui est supérieur à la normale chez ces personnes, notamment chez les jeunes. Comme les données relatives à l’évolution clinique et au degré d’incapacité des personnes atteintes de SP n’ont pas été prises en compte dans cette étude, il faudra mener d’autres travaux de recherche en vue d’évaluer l’incidence de ces facteurs sur le risque d’hospitalisation aux SI. Soulignons enfin que cette étude ouvre de nouvelles perspectives de recherche sur l’hospitalisation aux SI non seulement au Manitoba, mais également dans tout le Canada.


Source

R. A., Marrie et coll. « Intensive care unit admission in multiple sclerosis », Neurology, 2014 June 10; 82(23): 2112-2119.