La Société de la SP finance deux nouvelles études fondamentales susceptibles d’aboutir à des traitements contre la SP progressive

Contexte

Il est urgent de combler le fossé entre les découvertes réalisées en laboratoire et les essais cliniques si nous voulons hâter l’élaboration de traitements sûrs et efficaces pour les personnes touchées par la sclérose en plaques. En 2014, la Société canadienne de la SP a établi un partenariat avec le Centre for Drug Research and Development (CDRD) – organisme sans but lucratif de Vancouver offrant une plateforme exhaustive de ressources pour la mise au point et la commercialisation de médicaments. La collaboration entre les deux organismes vise à éliminer les obstacles à l’élaboration de traitements prometteurs contre la SP, en particulier contre la SP progressive. Dans ce but, la Société de la SP et le CDRD ont lancé un appel de propositions de recherche sur la SP progressive. Dix projets leur ont été soumis par des chercheurs du Canada et de l’Europe. À la suite d’un examen rigoureux de ces projets, effectué par des spécialistes en SP et en recherche translationnelle, les propositions exceptionnelles des deux chercheurs suivants sont ressorties du lot :

• Dr David Granville (Université de la Colombie-Britannique);

• Dre Véronique Miron (Université d’Édimbourg).

Description des études sélectionnées

Dr David Granville – Ciblage de la granzyme B dans le but de stimuler la régénération des cellules nerveuses

La granzyme B est une enzyme qu’utilisent certaines cellules immunitaires pour anéantir les envahisseurs étrangers. Dans le cerveau, cette enzyme cible par erreur les cellules nerveuses de son hôte et elle les programme pour qu’elles s’autodétruisent. Qui plus est, elle altère le fonctionnement des jeunes cellules nerveuses, les empêchant ainsi de remplacer les cellules lésées et de régénérer le tissu nerveux.

Avec l’aide d’experts du CDRD, le Dr David Granville étudiera certains inhibiteurs de la granzyme B afin de voir lequel d’entre eux pourrait s’avérer le plus efficace dans le traitement de la SP. En collaboration avec le Dr Marc Horwitz, fondamentaliste spécialisé en SP, de l’Université de la Colombie-Britannique, le Dr Granville bloquera l’action de la granzyme B chez des souris atteintes d’une maladie semblable à la SP afin d’évaluer les effets de cette intervention sur la détérioration des cellules nerveuses et la gravité de la maladie. Le Dr Granville s’associera également au Dr Amit Bar-Or, de l’Institut neurologique de Montréal, qui fournira des échantillons de tissu cérébral de personnes touchées par une forme progressive de SP, et ce, dans le but d’identifier les types de cellules cérébrales qui renferment la granzyme B. Si ce projet porte ses fruits, il pourrait fournir les éléments essentiels à la mise en place des premières études cliniques d’innocuité et d’efficacité sur des inhibiteurs de la granzyme B.

Ces travaux permettront au Dr Granville de mettre au jour le rôle des inhibiteurs de la granzyme B dans l’organisme et les mécanismes par lesquels ils sont absorbés, métabolisés et excrétés, puis d’établir s’ils sont toxiques ou non et, en fin de compte, de déterminer s’ils peuvent être des candidats prometteurs pour le traitement de la SP progressive.

Dre Véronique Miron – Ciblage du récepteur de l’activine-A dans le but de promouvoir la remyélinisation

Le récepteur d’une protéine appelée activine-A constitue une autre cible potentielle pour le traitement de la SP progressive. En effet, selon des données probantes, l’activine-A stimule le processus de maturation des précurseurs des oligodendrocytes (POD), lesquels donnent naissance aux cellules productrices de myéline (oligodendrocytes), gaine protectrice des fibres nerveuses (rappelons que dans le contexte de la SP, des lésions sont causées à la myéline).

Avec l’aide du CDRD, la Dre Miron testera des douzaines de composés présents dans les chimiothèques de ce centre (méthode connue sous le nom de « criblage à haut débit ») pour évaluer leurs effets sur les POD cultivés en laboratoire. Ceux qui produiront l’effet souhaité sur l’activation des POD seront soumis à d’autres tests, cette fois sur le tissu cérébral de rongeurs, afin de voir s’ils peuvent promouvoir efficacement la remyélinisation.

Étant donné que l’élaboration de traitements favorisant la remyélinisation s’avère une priorité dans le contexte de la SP progressive, l’épuration et la validation de la liste des composés capables de stimuler le récepteur de l’activine-A et de favoriser la régénération de la myéline constituent une étape cruciale dans la mise au point de traitements contre la SP progressive, lesquels demeurent inexistants à ce jour. Les prochains objectifs seront de trouver des moyens d’administrer les traitements avec une extrême précision afin de cibler les cellules productrices de myéline sans activer de récepteurs présents à la surface d’autres cellules qui n’interviennent pas dans le processus de remyélinisation.

Commentaires

Alors que la cadence de la recherche sur les mécanismes sous-jacents de la SP et sur de nouvelles cibles thérapeutiques s’est accélérée, la traduction des découvertes en traitements sûrs et efficaces, ayant un impact significatif sur la vie des personnes qui vivent avec la SP, demeure quant à elle un défi. De fait, les étapes nécessaires à un tel processus comportent de nombreux risques et exigent beaucoup de temps, d’innombrables ressources et une grande expertise. La Société de la SP, de concert avec le CDRD, a saisi l’occasion de relever ce défi. Grâce aux infrastructures et à l’expertise du CDRD dans l’élaboration et la commercialisation des médicaments, des cibles très prometteuses, comme celles qui intéressent les Drs Granville et Miron, peuvent être soumises à des études de niveau supérieur et pourraient mener à la mise au point éventuelle de traitements. Ces travaux sont particulièrement importants dans la recherche de médicaments contre la SP progressive, pour laquelle aucun traitement n’a encore été homologué.