La Société de la SP subventionne une étude sur le cannabis et les troubles cognitifs dans le contexte de la SP

Contexte

Les troubles cognitifs touchent de 40 à 60 pour 100 des personnes atteintes de SP. Les plus répandus sont les troubles de la mémoire, de la concentration, de l’attention et de l’expression verbale de la pensée. D’après les examens d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), un nombre accru de régions cérébrales sont activées lors de l’accomplissement de tâches cognitives par les personnes atteintes de SP. Ce phénomène s’expliquerait, croit-on, par le fait que le cerveau cherche à compenser ses anomalies structurelles. L’IRMf permet d’enregistrer le débit sanguin cérébral en temps réel et de repérer ainsi les zones d’activité. Il faut savoir que le débit sanguin augmente dans les zones cérébrales dont l'activité est augmentée. L’IRMf est unique en ce qu’elle peut mettre en évidence le fonctionnement du cerveau, alors que l’IRM classique ne peut révéler que les anomalies structurelles. 

Certaines personnes atteintes de SP recourent au cannabis pour soulager leurs symptômes comme la douleur, la spasticité et le tremblement. À cette fin, elles peuvent le prendre sous forme orale ou le fumer. Des travaux récents ont permis d’évaluer l’efficacité du cannabis fumé dans le soulagement des symptômes de SP. Soulignons toutefois que certaines études ont révélé que l’utilisation du cannabis fumé à des fins thérapeutiques pouvait entraîner des troubles cognitifs chez les personnes atteintes de SP. Une étude récente subventionnée par la Société de la SP a été menée à Toronto à l’aide de l’IRMf dans le but de mesurer les effets du cannabis fumé sur la cognition chez les personnes atteintes de SP. 


Description de l’étude

La Société de la SP a subventionné une étude du Dr Anthony Feinstein, chercheur et psychiatre, et de ses collaborateurs, menée auprès de 39 personnes atteintes de SP dont 20 fumaient régulièrement du cannabis (mais s’en étaient abstenues durant les douze heures précédant le test). Les autres ne fumaient pas de cannabis. Toutes ont été soumises à des examens d’IRMf en même temps qu’aux trois versions d’un test de mémoire opérationnelle appelé N-Back. Les chercheurs ont ainsi pu comparer l’activité cérébrale des deux groupes de participants. Ils ont également recueilli des données quant à l'IRM fonctionnelle au repos, qui permet de mesurer l’activité cérébrale lorsque la personne est inactive. Des examens d’IRM structurelle ont permis de vérifier s’il y avait des différences entre les groupes dans la structure du cerveau. D’autres tests ont été effectués dans le but d’évaluer la mémoire verbale et visuelle, la vitesse de traitement de l’information et l’attention.


Résultats

Les chercheurs ont constaté que les fumeurs de cannabis atteints de SP obtenaient de moins bons résultats que les personnes atteintes de SP qui n’en fumaient pas à la troisième version du test N-Back (baptisée 2-Back), qui est plus difficile que les deux premières. Cependant, même si le premier groupe répondait moins bien que le second, son temps de réaction était le même que celui du deuxième groupe. Par ailleurs, selon les résultats de l’IRMf, les fumeurs de cannabis présentaient des schémas anormaux d’activité cérébrale, mais aucune différence n’a été relevée entre les deux groupes quant aux résultats de l’IRMf au repos et de l’IRM structurelle. Enfin, les fumeurs de cannabis ont moins bien répondu que le groupe des non-fumeurs de cannabis à un test visuel et au test d’audition attentive soutenue PASAT (cycle de deux secondes), qui mesure la vitesse de traitement de l’information.


Commentaires

Étant donné le nombre croissant de personnes qui se tournent vers les thérapies parallèles et complémentaires, tel le cannabis, pour atténuer leurs symptômes de SP, il devient de plus en plus important de bien évaluer les risques de ces approches par rapport à leurs bienfaits. L’étude dont il est question ici vient enrichir le volume croissant de données probantes sur les effets du cannabis chez les personnes atteintes de SP.  Selon cette étude, le cannabis fumé peut aggraver les difficultés cognitives associées à la SP, et les renseignements fournis par l’IRM pourraient expliquer cette observation. Le schéma désordonné d’activation cérébrale chez les fumeurs de cannabis peut laisser supposer que le cerveau cherche à compenser ses lacunes ou redouble d’efforts pour accomplir les tâches demandées. Cette étude peut non seulement aider à prendre des décisions éclairées quant à la prescription ou à l’utilisation de cannabis à des fins médicales, mais aussi ouvrir la voie à la mise au point de meilleures méthodes d’évaluation des troubles cognitifs chez les personnes atteintes de SP.


Source

PAVISIAN, B. et coll. « Effects of cannabis on cognition in patients with MS », Neurology, 30 avril 2014 [diffusé en ligne avant impression].