L’histoire naturelle de la sclérose en plaques, étude basée sur des données géographiques : poussées et incapacité à long terme

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Résumé

La relation entre les poussées et l’incapacité à long terme chez les personnes atteintes de SP n’a pas été établie. Elle a fait l’objet d’une étude basée sur les données de l’histoire naturelle de la SP, obtenues auprès de patients de la clinique de SP de London, en Ontario. Les auteurs de l’étude en question révèlent qu’une fréquence élevée de poussées au début de la maladie et de courts intervalles entre les premières poussées pouvaient favoriser l’accélération de la détérioration clinique de l’état du patient. Prévenir ou retarder l’évolution de la phase cyclique (poussées-rémissions) vers la phase progressive de la maladie comptent parmi les principales cibles thérapeutiques dans la SP. Rice GP, Ebers GC et al Brain. 2010 Jun 9. [Diffusé en ligne avant impression]

Détails

La diminution du nombre de poussées est une cible thérapeutique privilégiée dans la SP, mais les essais cliniques n’ont montré aucune relation entre la suppression des poussées et l’accumulation des incapacités. Les auteurs de la présente étude ont exploré le lien entre les poussées et l’atteinte de niveaux d’incapacité élevés, quant aux critères d’évaluation suivants : besoin d’aide pour marcher, confinement au lit et décès consécutif à la sclérose en plaques [scores de 6, 8 et 10 à l’échelle d’incapacité Disability Status Scale]. Ils ont analysé les données de 806 patients de la clinique de SP de London, en Ontario, chez qui la SP s’est manifestée d’emblée par poussées, ce qui représentait une évolution totale de 28 000 patients-années. Lors de précédents travaux, l’équipe avait remarqué que la fréquence des poussées n’avait aucun effet sur l’évolution de sous-types de SP progressive. Cette fois, les chercheurs ont effectué leur étude auprès de patients au stade pré-progressif ou cyclique (poussées-rémissions) de la maladie. Le taux de survie a fait l’objet de comparaisons entre des groupes stratifiés selon 1) le nombre de poussées survenues au cours des deux premières années de la sclérose en plaques, 2) la durée de l’intervalle entre les deux premières poussées, 3) la durée de l’intervalle entre le début de la maladie et l’atteinte d’une incapacité de niveau 3 (incapacité modérée) à l’échelle DSS (Disability Status Scale), 4) le nombre de poussées survenues entre la troisième année de la maladie et l’apparition de la phase progressive et 5) le nombre de poussées survenues durant toute la phase cyclique. Certaines caractéristiques cliniques observées précocement, soit des poussées fréquentes au cours des deux premières années de la maladie et de courts intervalles entre les poussées, laissaient présager l’atteinte accélérée d’une incapacité grave. La fréquence des poussées au cours des deux premières années de la maladie, de 1 à >/=3, a donné lieu à des intervalles de 7,6 ans, 12,8 ans et 20,3 ans entre le début de la SP et l’atteinte d’une incapacité de niveau 6, 8 et 10, respectivement, à l’échelle EDSS. Le temps écoulé depuis le début de la SP jusqu’à l’atteinte d’une incapacité de niveau 3 à l’EDSS était un facteur prédictif très important et indépendant du temps qui s’écoulerait entre ce stade et l’atteinte des niveaux d’incapacité 6, 8 et 10 à l’EDSS. Par contre, ni le nombre total de poussées survenues durant la phase cyclique (poussées-rémissions) ni celui des poussées subies durant la phase cyclique entre la deuxième année de la maladie et la survenue de la phase progressive n’ont influé négativement sur les temps écoulés entre, d’une part, le début de la maladie, la survenue de la phase progressive et l’atteinte d’une incapacité de niveau 3 à l’échelle EDSS et, d’autre part, l’atteinte des niveaux d’incapacité élevés, fixés dans les critères d’évaluation. On suppose que la neurodégénérescence serait attribuable au dérèglement d’un mécanisme de régulation. La fréquence des poussées au-delà des deux premières années de la maladie ne semble pas être un facteur prédictif des principaux critères d’évaluation, soit l’évolution de la phase cyclique vers la phase progressive et la durée de l’évolution vers des niveaux d’incapacité de 6, 8 ou 10 à l’EDSS, ce qui met en évidence deux phases distinctes de la SP liées à l’issue de la maladie à long terme. Ces phases semblent apparaître à la suite d’un tournant critique qui s’effectue durant la phase cyclique, quelques années seulement après le début clinique de la SP. Une fréquence élevée de poussées au stade précoce de la maladie et de brefs intervalles entre les premières poussées peuvent contribuer à accélérer la détérioration de l’état du patient en interagissant avec la neurodégénérescence caractéristique de la phase progressive secondaire. Ces facteurs augmentent la probabilité d’une détérioration rapide ainsi que son temps de latence, et ils influent sur sa pente, dans une moindre mesure. Prévenir ou retarder l’évolution vers la phase progressive de la maladie comptent parmi les principales cibles thérapeutiques dans la SP cyclique.

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