Poussées précoces de SP, apparition de la forme progressive de SP et incapacité présente au stade avancé

Résumé
Des chercheurs de l'Angleterre et de l'Allemagne se sont penchés sur la relation entre les premières poussées de SP (survenues dans les deux premières années), l'apparition de la forme progressive secondaire de SP et l'incapacité présente au stade avancé de cette maladie. Leurs observations laissent croire que le nombre total de premières poussées chez les personnes présentant une forme cyclique (poussées-rémissions) de SP n'a aucune influence sur le temps écoulé jusqu'à l'apparition de la forme progressive secondaire de SP. [Antonio Scalfari, MD; Anneke Neuhaus, MSc; Martin Daumer, PhD; Gabriele C. DeLuca, MD, PhD; Paolo A. Muraro, MD, PhD; George C. Ebers, MD. Arch Neurol. 2012; doi:10.1001/jamaneurol.2013.599. Publié d'abord en ligne.]

L’étude. Financée en partie par la Société canadienne de la SP, une équipe de chercheurs du Imperial College London et de l’Université d’Oxford, en Angleterre, ainsi que du Centre de recherche sur la SP Sylvia Lawry, en Allemagne, s’est penchée sur la relation entre les poussées survenues dans les deux premières années de la SP, l’apparition de la forme progressive secondaire de SP et l’incapacité présente au stade avancé de cette maladie. Les données, couvrant une période de 28 ans, soit de 1972 à 2000, ont été tirées des dossiers médicaux de 730 personnes atteintes d’une forme cyclique (poussées-rémissions) de SP, répertoriés à la Clinique de SP de London, en Ontario. L’incapacité avait été mesurée à l’aide de l’échelle élaborée d’incapacité (EDSS), et aucun de ces patients n’avait pris de médicaments modificateurs de l'évolution de la SP. L’étude portait sur les paramètres suivants :

  • Grande fréquence des premières poussées – Au total, 158 personnes du groupe étudié ont subi plusieurs poussées au stade précoce de la SP (> 3 poussées au cours des deux premières années). Parmi elles, 79 ont vu leur état évoluer vers une forme progressive secondaire de SP neuf ans après le début de la SP. Ce nombre passait à 103 au bout de 24 ans. Les 55 autres n’ont pas présenté la forme progressive secondaire de SP, même si elles avaient subi plusieurs poussées au départ.

  • Temps écoulé jusqu’à l’apparition de la forme progressive secondaire de SP et pronostic de l’incapacité – Chez les personnes dont l’état n’avait pas évolué vers la forme progressive secondaire de SP, la nécessité de recourir à une aide à la mobilité était abaissée de 24 % après 5 ans, de 42 % après 10 ans et de 56 % après 15 ans. À l’inverse, la réduction de la durée de la phase cyclique, c’est-à-dire l’apparition précoce de la phase progressive secondaire de SP, a été associée à l’atteinte rapide d’un score allant de 6,0 à 8,0 à l’échelle d’incapacité EDSS. Chez les personnes dont la forme progressive secondaire de SP apparaissait tardivement (≥ 13 ans), le score EDSS de 6,0 était atteint en moyenne 11,9 ans plus tard que chez les personnes qui avaient présenté la forme progressive secondaire précocement (de 1 à 5 ans après le début de la maladie).

  • Poussées précoces et temps écoulé jusqu’à l’apparition de la forme progressive – La probabilité d’apparition précoce d’une incapacité grave augmentait en fonction du nombre de poussées subies au départ (soit un nombre allant jusqu’à trois durant les deux premières années) seulement lorsque la phase cyclique n’avait pas duré longtemps avant l’apparition de la forme progressive secondaire de SP. Le facteur le plus important d’apparition précoce de l’incapacité était la survenue rapide de la forme progressive secondaire de SP.

Au terme de l’étude, de grandes différences ont été relevées dans l’évolution de la maladie chez les personnes qui avaient eu plusieurs poussées au premier stade de la SP. Ces données révèlent que l’activité clinique précoce de la SP n’est pas liée à l’apparition de la forme progressive secondaire de cette maladie. De plus, les chercheurs soulignent que la seule fréquence des poussées ne peut servir de prédicteur de l’apparition précoce de l’incapacité. Selon eux, les résultats de leurs travaux justifient la poursuite des études dans ce domaine.