Premier traitement modificateur de l’évolution de la SP oral approuvé au Canada (GilenyaMD)

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Résumé
Le 9 mars 2011, Santé Canada a approuvé le GilenyaMD (fingolimod) en capsule pour le traitement de la forme cyclique (poussées-rémissions) de sclérose en plaques (SP).Il s’agit du premier traitement modificateur de l’évolution de la maladie oral mis au point pour le traitement de la SP.

Le Gilenya a été approuvé pour les personnes qui ont fait l’essai d’au moins un autre médicament pour la SP, mais qui n’ont pas répondu au traitement ou qui ont eu une réaction d’intolérance. Le Gilenya est proposé en monothérapie pour le traitement de la forme cyclique de sclérose en plaques pour réduire la fréquence des poussées et retarder la progression des incapacités physiques. L’approbation de Santé Canada est fondée sur les résultats obtenus lors de deux vastes études cliniques comparatives avec placebo, qui comportaient plus de 1 200 participants chacune.

Le Gilenya fait partie d’une nouvelle classe de médicaments, soit les modulateurs des récepteurs de la sphingosine-1-phosphate, dont on croit qu’ils favorisent la rétention de certains globules blancs (lymphocytes) dans les ganglions lymphatiques, ce qui empêcherait ces cellules de traverser la barrière hémato-encéphalique et de pénétrer dans le système nerveux central (SNC). La prévention de la pénétration des lymphocytes dans le SNC contribue à réduire les lésions inflammatoires des neurones.

Détails
Le Gilenya sera offert dans les pharmacies du Canada à compter du 1er avril 2011.

Novartis a indiqué qu’elle demandera immédiatement aux responsables des programmes publics et privés d’assurance-maladie de couvrir le Gilenya. On s’attend à ce que le Gilenya soit couvert par la plupart des régimes d’assurance privés. Dans les prochaines semaines, Novartis soumettra également une demande en ce sens au Programme commun d’évaluation des médicaments (PCEM) et au Conseil du médicament (Québec). Le PCEM a pour responsabilité de procéder à l’analyse coût-efficacité des médicaments et de faire des recommandations quant à la couverture des médicaments par les programmes publics d’assurance-médicaments. L’information donnée par le PCEM guide par la suite les décisions des instances provinciales responsables des programmes d’assurance-médicaments. Selon les provinces, il peut s’écouler de 8 à 24 mois entre la demande initiale et les recommandations finales. Soulignons que le Québec procède à ses propres analyses, indépendamment du PCEM.

Bienfaits et risques potentiels
Le Gilenya a un profil d’innocuité et de tolérabilité bien documenté. Il a été mis à l’essai auprès de plus de 4 000 personnes atteintes de SP dans le monde. Certaines d’entre elles en sont à leur septième année de traitement par ce médicament.

L’approbation du Gilenya par Santé Canada est basée sur les résultats de deux vastes études de phase III qui étaient toutes deux comparatives et à double insu, ce qui signifie que ni les patients ni les médecins ne savaient qui recevait le Gilenya et qui recevait un autre produit. La première étude (FREEDOMS), d’une durée de deux ans, a permis de comparer les effets du Gilenya à ceux d’un placebo auprès de 1 272 personnes présentant une forme cyclique (poussées-rémissions) de SP (New England Journal of Medicine, January 20, 2010). Le traitement de deux ans par Gilenya a réduit de manière significative le nombre de poussées de SP (principal critère d’évaluation de l’étude) et de freiner la progression des incapacités (critère d’évaluation secondaire), comparativement au placebo (substance inactive). En effet, le Gilenya a contribué à abaisser le taux de poussées de 54 %, et le risque de progression des incapacités, de 30 %, comparé au placebo. Il a également diminué le nombre des lésions cérébrales et l’atrophie du cerveau, selon les données de l’IRM.

La deuxième étude (TRANSFORMS), d’une durée de un an, réunissait 1 292 personnes présentant une forme cyclique (poussées-rémissions) de SP. Elle avait pour but de comparer le Gilenya à l’Avonex® (interféron bêta-1a). Les résultats ont montré que le Gilenya (administré à la dose de 0,5 mg) abaissait le nombre de poussées de 52 % comparativement à l’Avonex. Ce médicament a également ralenti l’activité de la maladie, mesurée selon le nombre de nouvelles lésions et de lésions nouvellement agrandies en T2, mises en évidence par l’IRM, comparé à Avonex (1,2 et 2,6 respectivement, à un an), et il a freiné l’activité des lésions cérébrales, selon les résultats de l’IRM.

Même si les bienfaits du traitement ont été démontrés, les risques que comporte ce médicament sont plus élevés que ceux des interférons bêta ou de l’acétate de glatiramère. La Société de la SP surveillera donc de près toute diffusion d’information sur le profil d’innocuité et d’efficacité du Gilenya et fera les mises à jour nécessaires.

Deux doses de Gilenya (soit 0,5 mg et 1,25 mg) étaient à l’essai au cours de ces deux études, lesquelles ont permis de déterminer que la dose la plus faible (soit 0,5 mg) était la mieux tolérée et qu’elle était tout aussi efficace que la dose la plus élevée. C’est pourquoi seule la dose la plus faible (0,5 mg), dont l’innocuité est plus grande, a été approuvée pour le traitement de la SP.

Au cours de ces études, un petit nombre de participants ont présenté une réduction transitoire du rythme cardiaque et un blocage partiel de la conduction cardiaque (bloc auriculoventriculaire du second degré) après l’administration de la première dose. Ces réactions ont toutefois disparu spontanément après plusieurs heures. Durant le deuxième mois de traitement, une légère augmentation de la pression artérielle a été observée chez certains participants. Les auteurs des deux études ont également rapporté un œdème maculaire (œdème du centre de la rétine) chez certains sujets, plus particulièrement parmi ceux traités par la dose la plus élevée de Gilenya. Aussi, les cas de cancer de la peau ont été plus fréquents parmi les sujets traités par Gilenya au cours de l’étude TRANSFORMS, qui s’est échelonnée sur une période de un an, ce qui n’a toutefois pas été le cas pour l’étude FREEDOMS, dont la durée était de deux ans. Le taux global de formations malignes s’est avéré plus élevé parmi les sujets ayant reçu un placebo dans le cadre de l’étude FREEDOMS.

Par ailleurs, un grand nombre de participants traités par Gilenya ont présenté une élévation asymptomatique des taux d’enzymes hépatiques. À l’issue des deux études, les chercheurs ont également rapporté quelques cas d’infection herpétique telle le zona. Deux cas se sont révélés mortels dans le groupe traité par la dose la plus élevée de Gilenya (non approuvée) au cours de l’étude TRANSFORMS.

L’innocuité du Gilenya durant la grossesse n’a pas été démontrée, mais ce médicament pourrait être à l’origine d’anomalies congénitales.

À ce jour, on ne connaît pas encore le degré d’innocuité à long terme du Gilenya. Des essais cliniques de phase III sont toujours en cours, dont un comportant des personnes atteintes de SP progressive primaire. Des études prolongées se poursuivent également et regroupent les participants ayant déjà terminé les essais.

La Société canadienne de la SP suivra de près ces études ainsi que toutes celles qui seront menées à la suite de l’homologation du Gilenya afin d’obtenir l’information pertinente sur l’efficacité et l’innocuité à long terme de ce médicament oral.