Publication des recommandations du Groupe d'étude international sur la SP pédiatrique relativement aux essais cliniques

Contexte : SP pédiatrique

La sclérose en plaques est généralement considérée comme une maladie de jeunes adultes. Or, certaines études montrent que ce diagnostic est posé, dans une proportion allant de 2,7 % à 5 %, chez des enfants et des adolescents. La plupart de ces jeunes sont âgés de 10 à 17 ans, mais il arrive que la SP soit diagnostiquée chez des enfants d’à peine deux ans.

La plupart des enfants atteints de SP présentent la forme cyclique de SP, qui est caractérisée par une série de poussées bien définies, suivies de rémissions spontanées ou consécutives à un traitement. Durant les rémissions, aucun nouveau symptôme n’apparaît, et la maladie n’évolue pas. Les autres formes de SP sont plutôt rares chez les enfants.

On ignore toujours la cause de la SP pédiatrique, tout comme celle de la SP chez l’adulte, d’ailleurs. Et pour compliquer les choses encore davantage, les études menées auprès des enfants atteints de SP sur le mode d’action et l’efficacité des médicaments modificateurs de l'évolution de la SP ont été fort peu nombreuses. Il est donc urgent d’assurer la collaboration des chercheurs du monde entier dans ce domaine et de mettre en œuvre des études multicentriques sur la SP pédiatrique pour approfondir les connaissances sur le sujet et multiplier les options thérapeutiques.

Groupe d’étude international sur la SP pédiatrique

Pour atteindre les buts énoncés plus haut, on a créé le Groupe d’étude international sur la SP pédiatrique (GÉISPP) en avril 2006. Ce groupe, composé de plus de 150 médecins et chercheurs et de représentants des organismes de SP du monde entier, est dirigé par la Fédération internationale de la SP (MSIF). Il s’efforce d’améliorer les soins de santé dispensés aux jeunes atteints de SP, de favoriser l’éducation sur la SP pédiatrique et d’intensifier la recherche dans ce domaine ainsi que sur les maladies démyélinisantes connexes, d’origine centrale. Plusieurs éminents cliniciens et chercheurs canadiens ayant permis de mieux comprendre et de mieux traiter la SP pédiatrique font partie de ce groupe de scientifiques bénévoles. Ce sont les Drs Brenda Banwell, Amit Bar-Or, Ruth Ann Marrie et Ann Yeh.

À l’heure actuelle, de nombreux nouveaux traitements pour les adultes atteints de SP se pointent à l’horizon. Par ailleurs, selon des lois qui viennent d’être ratifiées aux États-Unis et en Europe, les fabricants de médicaments seront dorénavant dans l’obligation de soumettre à l’étude tout médicament prévu pour un usage pédiatrique. Selon le GÉISPP, les essais cliniques menés auprès de populations pédiatriques posent de nombreuses difficultés, à savoir le nombre restreint d’enfants qui peuvent être mis à contribution et l’absence de données qu’auraient pu fournir des essais cliniques antérieurs. La réunion de janvier 2012 a donné l’occasion aux participants de discuter de ces difficultés et d’exprimer leur point de vue sur les méthodes d’évaluation des traitements émergents destinés aux enfants atteints de SP.

Sommet du GÉISPP sur les essais cliniques

L’atelier intitulé « Towards Therapeutic Trials in Pediatric Multiple Sclerosis » (Vers des essais cliniques dans le contexte de la SP pédiatrique), inscrit au programme du Sommet du GÉISPP tenu en janvier 2012, a regroupé 69 personnes, notamment :

  • des membres du GÉISPP,
  • des médecins et des universitaires spécialisés en IRM, en conception d’essais cliniques,  en thérapeutique et en neuropsychologie,
  • des représentants du Secrétariat américain aux produits alimentaires et pharmaceutiques (FDA), de l'Agence européenne des médicaments (AEM) et de Santé Canada,
  • des représentants de sociétés pharmaceutiques et
  • des membres du personnel de la haute direction de l’organisme états-uniens de la SP (NMSS), de la Fédération internationale de la sclérose en plaques, de la Société canadienne de la sclérose en plaques et de l’organisme italien de la SP.

Buts et résultats

L’atelier avait pour but premier de discuter de la faisabilité, des questions de déontologie et des méthodologies à privilégier dans les essais cliniques de nouveaux médicaments destinés aux enfants atteints de SP. Avant la rencontre, on a demandé à sept groupes de spécialistes de se concentrer sur les sujets clés suivants :

  • critères d’évaluation clinique;
  • critères d’évaluation cognitive;
  • critères d’évaluation des examens d’IRM;
  • conception d’essais cliniques;
  • pharmacologie pédiatrique;
  • innocuité et mécanismes biologiques;
  • registre sur les effets thérapeutiques à long terme.

Les délégués ont évalué les avantages et les difficultés qui pourraient être inhérents aux essais cliniques menés auprès d’enfants atteints de SP. Selon eux, de tels essais sont nécessaires pour assurer l’innocuité à court et à long terme des médicaments à usage pédiatrique et pour déterminer avec précision la dose et la durée de l’administration de ces médicaments. La discussion a également permis de souligner le manque d’information sur les formes de SP pédiatrique et l’absence d’essais cliniques menés auprès de la population pédiatrique sur les médicaments employés couramment dans le traitement des adultes.

Les participants ont également discuté des critères d’évaluation clinique, cognitive et de l’IRM à prévoir pour les essais cliniques menés auprès des enfants. Ils se sont entendus sur les points suivants : 1) il faudra que la mesure de la fréquence des poussées compte parmi les principaux critères d’évaluation lors de la phase III des essais et 2) il serait utile de créer un registre des médicaments administrés aux enfants atteints de SP dans lequel seraient consignés le profil d’innocuité en administration prolongée et les effets indésirables graves de ces médicaments. Enfin, la discussion a porté sur l’établissement éventuel d’un réseau international de chercheurs effectuant des essais cliniques auprès d’enfants atteints de SP. Celui-ci veillerait à ce que les protocoles de recherche soient uniformes, favoriserait l’amélioration de la conception des essais effectués partout dans le monde afin d’éviter que des enfants soient amenés à participer à des essais qui n’apporteraient rien de neuf, et constituerait une source d’information en matière d’essais passés et en cours.

Le compte rendu officiel de la réunion et les recommandations des participants ont été publiés dans le numéro de mars de Neurology (en anglais seulement). Comme cette publication scientifique revue par les pairs est la plus lue dans le milieu de la neurologie, le compte rendu du GÉISPP s’avérera certainement utile aux chercheurs en SP pédiatrique et aux spécialistes des soins prodigués aux enfants atteints de SP, partout dans le monde.

Portée

Les résultats du Sommet du GÉISPP sur les essais cliniques et les prochaines activités de ce groupe assureront l’uniformité des protocoles des futurs essais cliniques menés auprès des enfants atteints de SP. Pour les experts en SP pédiatrique et les parties prenantes de l’industrie et du secteur de la réglementation, ce sommet fut une occasion unique de se réunir et de partager des connaissances sur un domaine qui mérite d’être scruté davantage. L’élaboration d’essais cliniques menés auprès de la population pédiatrique atteinte de SP visera exclusivement à recueillir des données d’une importance capitale sur le dosage, l’innocuité, l’efficacité et les bienfaits à long terme des traitements actuels et des traitements émergents contre la SP.

Source:
Chitnis T et coll. International Pediatric MS Study Group Clinical Trilas Summit, Neurology 2013 Mar 19; 80(12):1161-1168