Une étude financée par l’Alliance démontre qu’il serait possible de prédire l’activité de la sclérose en plaques et la réponse thérapeutique au moyen d’une analyse sanguine

Les chercheurs s’efforcent de trouver un biomarqueur détectable au moyen d’analyses sanguines qui permettrait de prédire l’activité et la progression de la sclérose en plaques (SP), d’une part, et de déterminer si un traitement donné est efficace dans le cadre de la pratique clinique et des essais cliniques, d’autre part. Mais cette entreprise s’est révélée extrêmement difficile jusqu’ici. Une équipe de recherche financée par l’Alliance internationale pour la recherche sur la SP progressive vient de publier les résultats d’une vaste étude au cours de laquelle elle a mesuré le taux sanguin d’une protéine appelée « NfL » (de l’anglais neurofilament light chain; chaîne légère des neurofilaments) – soit un marqueur biologique (biomarqueur) des lésions nerveuses (voir la section « Qu’est-ce la protéine NfL » ci-dessous). La protéine NfL pourrait être utilisée comme biomarqueur de l’efficacité des traitements contre la SP et de l’activité de cette maladie, activité qu’il serait alors possible de surveiller lorsqu’elle est inférieure au seuil de détection des marqueurs cliniques et radiographiques (imagerie par résonance magnétique [IRM]) standards.

En menant cette étude, l’équipe de recherche se proposait d’établir une base de données de référence sur la protéine NfL, afin d’analyser le taux de cette protéine chez des personnes en bonne santé et chez des personnes atteintes de SP, ainsi que les variations de ce taux en fonction de l’âge et du poids. À cette fin, elle a évalué des milliers d’échantillons sanguins prélevés au sein de la population générale et chez des personnes atteintes de SP. En tout, elle a analysé plus de 10 000 échantillons sanguins prélevés auprès de 5 390 personnes de l’Europe et des États-Unis, afin de comprendre ce qui est considéré comme un taux de protéine NfL normal au sein de divers groupes d’âge. Elle a découvert qu’en général, le taux de protéine NfL augmente de 2 p. 100 par an, mais que cette hausse commence à s’accélérer après l’âge de 50 ans. Elle a également établi qu’un poids élevé était associé à un faible taux de protéine NfL. Par la suite, en se servant de ces données, l’équipe a élaboré un modèle statistique qui tient compte des différences d’âge et de poids. En analysant les données de 1 313 personnes atteintes de SP d’une cohorte suisse à l’aide de ce modèle statistique, l’équipe a constaté qu’elle pouvait prédire le risque de poussées et d’aggravation des incapacités. De plus, elle a découvert que les variations du taux de protéine NfL en fonction du traitement étaient révélatrices de l’ampleur de la réponse thérapeutique. Enfin, elle a confirmé ces résultats à partir des données relatives à 4 341 participantes et participants inscrits à un registre suédois de la SP.

Cette étude nous rapproche un peu plus de l’objectif global, qui est de disposer d’analyses sanguines permettant de prédire le risque de reprise de l’activité de la SP et d’évaluer l’efficacité réelle des traitements contre cette maladie. On n’en est pas encore au stade où la protéine NfL pourrait servir de biomarqueur dans de telles analyses, mais des travaux dans ce sens sont en cours. Des études de recherche sont menées actuellement afin qu’on puisse déterminer : 1) dans quelle mesure d’autres maladies ou d’autres situations cliniques sont susceptibles d’influer sur le taux de protéine NfL, 2) si le taux de protéine NfL varie considérablement d’une population à l’autre, et 3) comment ce biomarqueur peut être utilisé comme paramètre d’évaluation de l’efficacité réelle des traitements dans le cadre des essais cliniques.

Qu’est-ce que la protéine NfL (neurofilament light chain; chaîne légère des neurofilaments)?

La protéine NfL (neurofilament light chain; chaîne légère des neurofilaments) est une composante des cellules nerveuses qui est libérée dans le liquide céphalorachidien, puis dans le sang en cas de lésions nerveuses. Une élévation du taux de cette protéine indiquerait que la SP est dans une phase active. Grâce à de récents progrès, il est désormais possible de mesurer le taux de protéine NfL dans le sang, ce qui constitue un atout de plus plaidant en faveur de son utilisation comme biomarqueur de la SP dans la pratique clinique. Cela dit, il manque encore des éléments d’information essentiels au sujet de la protéine NfL. Reste à savoir notamment ce qui constitue un taux « normal » dans le sang et comment les médecins et les personnes atteintes de SP devraient interpréter les variations du taux de cette protéine.

Références :

« Serum neurofilament light chain for individual prognostication of disease activity in multiple sclerosis: a retrospective modelling and validation study », rédigé par Pascal Benkert, Stephanie Meier, Sabine Schaedelin, Ali Manouchehrinia, Özgür Yaldizli, Aleksandra Maceski, Johanna Oechtering, Lutz Achtnichts, David Conen, Tobias Derfuss, Patrice H. Lalive, Christian Mueller, Stefanie Müller, Yvonne Naegelin, Jorge R. Oksenberg, Caroline Pot, Anke Salmen, Eline Willemse, Ingrid Kockum, Kaj Blennow, Henrik Zetterberg, Claudio Gobbi, Ludwig Kappos, Heinz Wiendl, Klaus Berger, Maria Pia Sormani, Cristina Granziera, Fredrik Piehl, David Leppert, et Jens Kuhle, pour la RDB relative à la cohorte suisse de personnes atteintes de SP, a été publié dans la revue The Lancet Neurology le 16 février 2022.

À propos de l’Alliance internationale pour la recherche sur la SP progressive

L’Alliance internationale pour la recherche sur la SP progressive a été fondée en vue de l’accélération de la mise au point de traitements efficaces contre les formes progressives de la SP et de l’amélioration subséquente de la qualité de vie des personnes du monde entier qui sont aux prises avec une forme progressive de SP. Il s’agit d’une initiative mondiale sans précédent à laquelle collaborent des organismes nationaux de la SP, des chercheurs, des professionnels de la santé, l’industrie pharmaceutique, des entreprises, des fiducies, des fondations, des donateurs et des personnes atteintes de SP progressive, en vue de répondre aux besoins non satisfaits dans le domaine de la SP progressive. En somme, c’est le fruit d’une coopération entre des membres de la communauté internationale de la SP qui ont décidé d’unir leurs forces pour trouver des solutions. Notre promesse n’est pas seulement porteuse d’espoir, elle est également génératrice de progrès.

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