Selon des chercheurs subventionnés par la Société de la SP, la dégradation de la barrière hémato-encéphalique précède la formation des lésions dans le contexte de la SP

Contexte 

La dégradation de la barrière hémato-encéphalique (BHE) – membrane régissant le passage des cellules et des molécules dans le système nerveux central (SNC) – constitue l’une des caractéristiques du processus sous-jacent à la SP. Toutefois, le moment de la survenue de ce phénomène demeure peu connu, comparativement à celui d’autres événements pathologiques comme la formation des lésions cérébrales responsables des symptômes débilitants de la SP. Il serait important d’établir la chronologie de ces événements si nous voulons parvenir à mettre au point des moyens de dépister la SP, bien avant l’apparition de symptômes visibles de cette maladie.

Les résultats d’une étude sur les modifications de la BHE survenant au cours de la SP ont été publiés récemment dans Neurobiology of Disease par le Dr Jorge Alvarez, lauréat de la Bourse de transition études-carrière stopSP – David L. Torrey, et une équipe de collaborateurs dirigée par le Dr Alexandre Prat, chercheur subventionné par la Société de la SP. Cette étude visait à repérer les changements moléculaires et immunologiques qui se produisent dans la BHE et d’autres parties de l’organisme, avant et durant la formation des lésions cérébrales de SP, tant chez les personnes aux prises avec cette maladie que chez les souris atteintes d’une maladie semblable à la SP (modèle animal de SP).

Étude 

Pour analyser la composition de la BHE au cours du développement des lésions chez les êtres humains, divers marqueurs de la structure de la BHE, de l’infiltration de cellules immunitaires, de la formation de lésions et de la démyélinisation ont été étudiés à partir d’échantillons de tissus cérébraux prélevés à l’autopsie sur des personnes qui en étaient à divers stades de la SP. Dans la deuxième partie de l’étude, les chercheurs ont induit à des souris génétiquement modifiées une forme de SP imitant la SP cyclique (poussées-rémissions), puis ont examiné les mécanismes de dégradation de la BHE et le moment de la survenue de ce phénomène par rapport aux autres étapes du processus pathologique. Étant donné que le modèle animal de la SP évolue de manière très prévisible (les symptômes apparaissent environ 65 jours après la naissance de la souris), les chercheurs ont pu analyser clairement la séquence des événements menant à la formation des lésions et à l’apparition des symptômes.

Résultats 

Dans le contexte du modèle animal de SP, la BHE montrait des signes de dégradation près de trois semaines avant le début de la démyélinisation et l’apparition des symptômes de la maladie. La composition et la structure de la BHE se sont de plus en plus détériorées au cours des semaines suivantes, ce qui a facilité la pénétration des cellules immunitaires nocives dans le cerveau. Des études antérieures ont montré que l’activité du système immunitaire périphérique (hors du système nerveux central) peut influer sur l’inflammation du système nerveux central. Lors de l’étude dont il est question ici, les chercheurs ont remarqué qu’une réaction inflammatoire périphérique précède la détérioration de la BHE, ce qui donne à penser que l’activation du système immunitaire périphérique peut provoquer l’affaiblissement de la BHE et ainsi permettre le passage de cellules immunitaires nocives dans le SNC.

À l’examen des tissus cérébraux des personnes atteintes de SP, les chercheurs ont découvert que les schémas de détérioration de la BHE dans certains sites vulnérables à la SP en venaient à se ressembler au fil du temps. Cette observation étayait celle qui avait été effectuée chez le modèle animal de SP.

Commentaires 

Un diagnostic précoce et un traitement contre la SP et ses symptômes institué en temps opportun comptent parmi les meilleurs facteurs de bon pronostic chez les personnes touchées par la SP. Repérer et comprendre les événements pathologiques qui peuvent permettre de prédire la formation de lésions cérébrales nocives avant l’apparition des symptômes de la maladie est une étape fondamentale de l’élaboration de traitements très efficaces contre la SP. La présente étude permet de mieux comprendre l’évolution des mécanismes pathologiques de la SP cyclique et surtout de voir comment l’altération de l’intégrité de la BHE peut aboutir à la formation de lésions inflammatoires dans le cerveau et comment cette altération peut provenir d’une activité immunitaire survenant en dehors du système nerveux central. Il va sans dire que l’établissement de la séquence et de l’ordre des événements pathologiques sous-jacents à la SP éclairera les cliniciens sur la nature de la SP, favorisant ainsi le diagnostic, le suivi des patients et l’administration de traitements ciblant les interactions entre les cellules immunitaires et la BHE (comme celui qui a été décrit dans un récent communiqué sur la recherche).

Source 

ALVAREZ, J. I. et coll. « Focal disturbances in the blood-brain barrier are associated with formation of neuroinflammatory lesions », Neurobiol Dis, 2014. 74C:14-24