Une étude de faible envergure montre que le recours à un antioxydant peut ralentir la perte de tissu cérébral dans le contexte de la SP progressive secondaire

Contexte

Les antioxydants sont des substances – artificielles ou naturellement présentes dans les aliments – dont l’action contribue à prévenir ou à ralentir le processus de dégradation cellulaire dans l’organisme. Récemment, il a été démontré que l’acide lipoïque – supplément antioxydant offert en vente libre – pouvait réduire l’inflammation et l’incapacité chez des souris atteintes d’une maladie semblable à la SP. En s’appuyant sur cette constatation, une équipe de recherche dirigée par la Dre Rebecca Spain, de l’Université des sciences de la santé de l’Oregon, à Portland (États-Unis), a entrepris de vérifier si l’acide lipoïque pouvait réduire le taux d’atrophie cérébrale chez des personnes atteintes de SP progressive secondaire. En raison de sa corrélation avec le degré de détérioration résultant de l’activité de la maladie, l’atrophie cérébrale (ou diminution du volume du cerveau) constitue l’un des principaux paramètres d’évaluation utilisés dans le cadre des essais cliniques consacrés aux formes progressives de SP. Les conclusions de l’essai clinique pilote dont il est ici question ont été publiées dans la revue Neuroimmunology and Neuroinflammation.

Description de l’étude

Dans le cadre d’un essai clinique de phase II unicentrique et à double insu, les chercheurs ont traité et suivi 51 personnes réparties de façon aléatoire dans deux groupes devant recevoir quotidiennement, par voie orale, 1 200 mg d’acide lipoïque ou un placebo durant deux ans. Le principal critère d’évaluation était le pourcentage d’atrophie cérébrale, mise en évidence par IRM. L’équipe de recherche s'est également intéressée aux changements pouvant toucher les incapacités parmi les participants ainsi qu’au profil d’innocuité de l’acide lipoïque.

Résultats

À l’issue des deux années d’étude, les chercheurs ont constaté une diminution du taux d’atrophie cérébrale de 68 pour 100 chez les participants à qui l’acide lipoïque avait été administré, comparativement aux personnes ayant reçu le placebo. Ils ont également observé une légère amélioration des résultats obtenus par les participants traités par l’antioxydant au test de la marche chronométrée de 25 pieds (8 mètres), en comparaison du groupe placebo, mais cette différence ne s’est pas avérée statistiquement significative. Par ailleurs, le nombre de chutes enregistré au sein du groupe traité par l’acide lipoïque a été inférieur à celui qui a été relevé parmi les personnes ayant reçu le placebo.

Au chapitre de l’innocuité, signalons que les participants traités par l’acide lipoïque ont été plus sujets aux maux d’estomac que les membres du groupe placebo. Des vomissements, une déshydratation et des éruptions cutanées ont aussi été constatés parmi les personnes traitées par l’antioxydant. Un cas d’insuffisance rénale et un cas de néphrite sont également survenus au sein du groupe ayant reçu l’acide lipoïque.

Commentaires

Globalement, l’étude en question a satisfait au principal critère d’évaluation établi par les chercheurs, à savoir le ralentissement de l’atrophie cérébrale chez les participants traités par l’acide lipoïque. Les chercheurs ont constaté une diminution du taux d’atrophie cérébrale comparable à celle qui a été observée dans le cadre d’essais cliniques portant sur l’ocrélizumab, médicament ayant été soumis à l’examen de Santé Canada en vue de son éventuelle approbation pour le traitement de la SP progressive primaire. Signalons toutefois que les travaux de recherche consacrés jusqu’à présent à l’ocrélizumab consistaient en des études d’une envergure beaucoup plus importante en comparaison de l’essai pilote mené par la Dre Spain relativement à l’acide lipoïque. Cet antioxydant devra donc faire l’objet d’autres essais cliniques auprès de personnes atteintes de SP progressive primaire pour que son innocuité puisse être confirmée. La dose qui est administrée dans le cadre des essais cliniques menés actuellement sur l’acide lipoïque comme traitement de la SP progressive primaire est de 1 200 mg par jour, ce qui constitue le double de la dose quotidienne recommandée par Santé Canada (600 mg/jour). Or, seuls des essais de grande envergure permettront d’en savoir plus sur l’efficacité de l’acide lipoïque, administré à des doses supérieures à celle que recommande Santé Canada. Quoi qu’il en soit, les résultats obtenus par la Dre Spain et son équipe sont encourageants, car ils illustrent les avantages que peut procurer le fait d’attribuer de nouvelles indications à des médicaments déjà commercialisés en vue d’offrir, dès que possible, des options de traitement viables aux personnes atteintes d’une forme progressive de SP.

Référence

SPAIN, R. et coll. « Lipoic acid in secondary progressive MS », Neurol Neuroimmunol Neuroinflamm,2017, 4(5): e374.