Une étude subventionnée par la Fondation pour la recherche scientifique sur la SP dynamise les activités de recherche sur la SP pédiatrique et devrait permettre de mieux comprendre la SP chez l’adulte

Contexte

Avant la mise sur pied du Réseau canadien pour les maladies démyélinisantes pédiatriques en 2004, la sclérose en plaques (SP) pédiatrique était une maladie peu connue que l’on ne comprenait guère. En effet, à l’époque, on ne savait rien de la prévalence ou des conséquences de la SP chez les enfants et les adolescents, ni de ce qui distinguait la SP pédiatrique de la SP chez l’adulte. La création du Réseau canadien pour les maladies démyélinisantes pédiatriques a marqué un tournant décisif dans la recherche sur la SP et le traitement de cette maladie. Ces dix dernières années, fort du soutien de la Fondation pour la recherche scientifique sur la SP, ce réseau a recruté et a suivi plus de 430 enfants et adolescents atteints d’une maladie démyélinisante aiguë dans 23 centres canadiens. Menés sous la direction de la Dre Brenda Banwell, neuropédiatre (Hôpital pour enfants malades de Toronto et Children’s Hospital of Philadelphia), éminente spécialiste de la SP pédiatrique, les travaux de ce réseau ont eu de profondes répercussions sur le corpus de connaissances dont on dispose sur la SP pédiatrique et sur la prise en charge de cette maladie. En outre, ils ont mené non seulement à la création de la base de données canadienne sur les maladies démyélinisantes pédiatriques, qui comprend des données biologiques et des données d’imagerie approfondies, mais aussi à l’établissement de partenariats avec des chercheurs et des cliniciens du monde entier.

Bénéficiant d’une subvention de 3,2 millions de dollars de la Fondation pour la recherche scientifique sur la SP, la Dre Banwell poursuit ses travaux de recherche sur la SP pédiatrique. Plus précisément, avec la collaboration de ses cochercheurs, les Drs Ann Yeh (Hôpital pour enfants malades de Toronto), Amit Bar-Or (Institut neurologique de Montréal, Université McGill), Doug Arnold (Institut neurologique de Montréal, Université McGill) et Ruth Ann Marrie (Université du Manitoba), elle va mener une étude à laquelle participeront 20 centres pédiatriques canadiens membres du Réseau canadien pour les maladies démyélinisantes pédiatriques. Cette étude portera essentiellement sur le retentissement de la SP sur la qualité de vie, l’utilisation des services de soins de santé, le développement du cerveau, les capacités cognitives et le système immunitaire.

Description de l’étude

Pour mener à bien cette étude intitulée « Progressive degeneration from onset in pediatric multiple sclerosis: Evaluation of clinical and health-related quality of life, early loss of brain integrity and accelerated immunological senescence » (Dégénérescence progressive observée à partir de l’apparition de la sclérose en plaques durant l’enfance – Évaluation de l’état clinique, de la qualité de vie liée à la santé, de la détérioration précoce de l’intégrité du cerveau et de l’accélération de l’immunosénescence), la Dre Banwell et son équipe se serviront de la base de données électroniques bien établie du réseau clinique national sur la SP pédiatrique et de modes opératoires normalisés de grande qualité pour la réalisation des examens d’IRM et les prélèvements d’échantillons biologiques.

Les objectifs de cette étude sont les suivants :

  • évaluer le fardeau que la SP pédiatrique fait peser sur le bien-être physique et mental des enfants (atteinte cognitive, dépression, anxiété, activité physique);
  • évaluer l’utilisation des services de soins de santé par les enfants et par leurs parents et déterminer les effets des facteurs de risque modifiables, tels que le degré d’activité physique;
  • mesurer le poids et l’alourdissement du fardeau de la SP pédiatrique à l’aide de l’IRM, et évaluer le lien qui existe entre les signes mis en évidence par cette dernière et les paramètres d’évaluation axés sur le patient, d’une part, et les caractéristiques immunologiques des patients, d’autre part;
  • examiner les déséquilibres immunitaires associés à la SP pédiatrique et déterminer en quoi ils sont liés au degré d’intégrité des tissus et à la maladie.

Méthodes

L’équipe de recherche de la Dre Banwell évaluera le retentissement de la SP pédiatrique sur la qualité de vie liée à la santé des enfants participant à l’étude en utilisant des paramètres de mesure fiables et validés des capacités fonctionnelles, du fonctionnement émotionnel, du fonctionnement social et du rendement scolaire. Elle soumettra également ces enfants à un examen cognitif informatisé d’une heure visant à évaluer diverses fonctions exécutives, notamment la mémoire, le raisonnement et la cognition sociale (intelligence émotionnelle). De plus, elle utilisera des questionnaires pour évaluer les degrés de dépression, d’anxiété et d’activité physique chez ces enfants.

Par ailleurs, l’équipe de recherche évaluera l’utilisation des services de soins de santé par les enfants et par leurs parents en se fondant sur des données administratives (consultations médicales, hospitalisations, admission à l’urgence, entre autres). Elle emploiera des techniques d’IRM de pointe afin d’établir des liens entre les signes mis en évidence par l’imagerie et les résultats biologiques, cliniques et psychologiques observés chez les enfants participants. Elle aura également recours à l’IRM pour évaluer si certains schémas d’évolution de l’atrophie cérébrale sont associés à une atteinte cognitive.

Enfin, elle procédera à des études biologiques visant à repérer différentes sous-populations de lymphocytes T et à mesurer leur degré d’activité chez les enfants participants. Elle examinera également le processus de vieillissement des cellules immunitaires chez ces sujets, afin de déterminer s’il y a une « immunosénescence » chez les enfants atteints de SP. Par ailleurs, elle évaluera les taux de vitamine D et dépistera les cas d’infection par le virus d'Epstein-Barr (VEB) chez les enfants participants, en vue de déterminer si ces deux paramètres sont associés à des anomalies immunologiques. Elle comparera également les échantillons de sang et d’ADN prélevés chez les participants atteints de SP à ceux qui auront été recueillis chez des enfants en bonne santé, qui serviront de groupe témoin.

Commentaires

Certes, on a déployé jusqu’à ce jour des efforts considérables pour mieux faire connaître et pour mieux caractériser la SP pédiatrique, mais il faut encore recueillir des données pertinentes pour mesurer les répercussions réelles de cette maladie. Cette étude multicentrique menée par une équipe interdisciplinaire et faisant appel à un réseau canadien bien établi composé d’enfants atteints de SP et de chercheurs expérimentés, permettra de répondre à des questions et à des besoins cruciaux en matière de SP pédiatrique auxquels on ne pourrait certainement pas répondre en réalisant une étude unicentrique. Qui plus est, en ayant une connaissance approfondie des facteurs déclenchants, des premiers événements neurodégénératifs, des répercussions émotionnelles et cognitives, ainsi que des anomalies du système immunitaire et des changements mis en évidence par l’IRM qui sont associés à la SP chez de jeunes patients, on sera en mesure de mieux appréhender l’évolution de cette maladie, et par là même d’instaurer le plus tôt possible des stratégies neuroprotectrices adaptées aux besoins des patients atteints de SP pédiatrique et à ceux dont la SP s’est déclarée à l’âge adulte.