Une étude financée par l’Alliance démontre que les cellules souches dérivées de cellules cutanées de personnes atteintes de SP produisent de la myéline normale capable d’isoler les nerfs

Contexte : Une équipe de recherche internationale dirigée par Mme Anne Baron-Van Evercooren, Ph. D. (INSERM, Paris), en collaboration avec la Dre Tanja Kuhlmann (Centre hospitalier universitaire de Münster), le Dr Jack Antel (Université McGill, Montréal) et le Dr Gianvito Martino (Hôpital San Raffaele et Université Vita-Salute San Raffaele, Milan) vient de publier des résultats qui offrent de nouvelles perspectives de mise au point de stratégies de réparation de la myéline (ou remyélinisation) chez les personnes atteintes de sclérose en plaques (SP). La myéline est une enveloppe qui améliore la conduction nerveuse, mais qui est endommagée chez les personnes vivant avec la SP. Au sein du cerveau se trouve une réserve de cellules souches, appelées précurseurs des oligodendrocytes (PO), qui ont la capacité de migrer vers les zones endommagées, de devenir des cellules productrices de myéline matures (oligodendrocytes), et de produire ainsi de nouvelles gaines de myéline qui s’enrouleront autour des axones. Cela dit, cette remyélinisation s’arrête au cours du processus pathologique sous-jacent à la SP. On ignore si une telle interruption est attribuable à une déficience des PO ou à des anomalies propres à l’environnement des lésions associées à la SP, telles qu’une activité auto-immune toxique.

Description de l’étude : L’équipe de recherche a évalué la capacité des PO à former des gaines de myéline chez des souris qui présentaient un déficit en myéline. Pour ce faire, les chercheurs ont prélevé des cellules cutanées (cellules de la peau) chez trois personnes atteintes de SP et chez trois personnes exemptes de cette maladie. Puis, ils ont utilisé une technique désormais standard, qui consiste à reprogrammer les cellules cutanées pour qu’elles se dédifférencient et qu’elles redeviennent des cellules souches, dites cellules souches pluripotentes induites (CSPi), avant de leur faire emprunter une nouvelle voie de différenciation en jeunes PO. Ces PO « induits » ont ensuite été injectés dans le système nerveux de souris dont les mouvements et les activités ont été suivis de près. Les chercheurs n’ont relevé aucune différence entre le comportement des PO dérivés des cellules cutanées des personnes atteintes de SP et celui des PO dérivés des cellules cutanées des volontaires sains. Ces résultats permettent de penser que la SP n’influe pas sur la capacité inhérente des oligodendrocytes à réparer la myéline et que les anomalies à l’origine de l’interruption du processus de remyélinisation sont probablement propres à l’environnement des lésions cérébrales. D’autres facteurs que les facteurs immunitaires ont été mis en cause dans l’échec de ce processus chez les personnes atteintes de SP, notamment le vieillissement et les lésions axonales.

Retombées potentielles : Cette étude fournit de nouvelles données probantes importantes sur les possibilités de remyélinisation chez les personnes atteintes de SP et elle semble indiquer que les CSPi dérivées de cellules cutanées ou d’autres types de cellules prélevées chez ces personnes pourraient devenir un jour une source viable de cellules souches en vue de la mise au point de traitements axés sur la remyélinisation. Les travaux de recherche sur les CSPi n’en sont qu’à leurs débuts : les études en cours consistent à déterminer s’il est possible d’utiliser n’importe quel type de cellules souches pour faire régresser les lésions associées à la SP et restaurer les fonctions altérées par cette maladie.

Référence :

Les résultats de cette étude de recherche ont été publiés dans la revue Science Advances le 4 décembre 2020. Cliquez sur le lien suivant pour consulter l’article en question (en anglais) : « Multiple sclerosis iPS-derived oligodendroglia conserve their properties to functionally interact with axons and glia in vivo ».

À propos de l’Alliance internationale pour la recherche sur la SP progressive

L’Alliance internationale pour la recherche sur la SP progressive a été fondée en vue de l’accélération de la mise au point de traitements efficaces contre les formes progressives de la SP et de l’amélioration subséquente de la qualité de vie des personnes du monde entier qui sont aux prises avec une forme progressive de SP. Il s’agit d’une initiative mondiale sans précédent à laquelle collaborent des organismes nationaux de la SP, des chercheurs, des professionnels de la santé, l’industrie pharmaceutique, des entreprises, des fiducies, des fondations, des donateurs et des personnes atteintes de SP progressive, en vue de répondre aux besoins non satisfaits dans le domaine de la SP progressive. En somme, c’est le fruit d’une coopération entre des membres de la communauté internationale de la SP qui ont décidé d’unir leurs forces pour trouver des solutions. Notre promesse n’est pas seulement porteuse d’espoir, elle est également génératrice de progrès.

La Société canadienne de la SP est membre de l’Alliance internationale pour la recherche sur la SP progressive et, à ce titre, elle a contribué au financement de cette étude.

REMARQUE : Mme Baron-Van Evercooren, Ph. D., participe à titre de cochercheuse au Collaborative Research Network (réseau de recherche coopérative) du projet BRAVEinMS, mené par le Dr Martino. Ce réseau, qui est financé par l’Alliance internationale pour la recherche sur la SP progressive, collabore entre autres avec les équipes de recherche des Drs Kuhlmann et Antel.