Une étude subventionnée par la Société de la SP apporte de nouvelles données sur la communication entre les hémisphères du cerveau chez les personnes atteintes de SP

Contexte

Les hémisphères gauche et droit du cerveau sont reliés par une large bande formée de fibres nerveuses, qu’on
désigne par le terme « corps calleux ». Il a été établi que, dans le contexte de la SP, l’atteinte du corps calleux prend de l’ampleur au fur et à mesure que la maladie progresse, ce qui entrave la communication entre les deux
hémisphères. Or, lorsque la communication intracérébrale est compromise, des troubles cognitifs peuvent survenir, comme chez de nombreuses personnes atteintes de SP. Parmi ceux-ci figurent des troubles de la mémoire et de l’attention ainsi que des problèmes touchant le traitement de l’information.

La communication entre les hémisphères gauche et droit du cerveau peut être évaluée au moyen de la spectroscopie fonctionnelle proche infrarouge (fNIRS), une technique non effractive et pratique permettant de mesurer les niveaux d’oxygène dans le cerveau. Lorsque l’activité du cerveau augmente, les taux d’oxyhémoglobine (protéine transportant l’oxygène dans les globules rouges) s’élèvent, tandis que la concentration de déoxyhémoglobine (hémoglobine ne transportant pas d’oxygène) baisse. La fNIRS permet de déterminer si la communication intracérébrale se fait normalement, et ce, par l’évaluation de la concentration d’hémoglobine dans le cerveau, opération consistant notamment à mesurer les changements d’intensité de la lumière émise par l’hémoglobine.

Une étude ayant fait l’objet d’un article publié tout récemment dans le Journal of Biomedical Optics a fourni de nouvelles données sur l’activité du cerveau et devrait avoir des retombées intéressantes en matière d’évaluation de la cohérence cérébrale des personnes atteintes de SP. Ces implications pourraient aider à déterminer la gravité et la progression de cette maladie.

Description de l’étude

Des chercheurs établis à Calgary ‒ dont la Dre Luanne Metz, neurologue et chercheuse subventionnée par la Société de la SP, et Nabeela Nathoo, titulaire d’une bourse de recherche au doctorat de la Société de la SP ‒ ont mené une étude à laquelle ont participé quinze personnes dont huit étaient atteintes de SP et sept ne l’étaient pas. Dans le cadre de leurs investigations, les chercheurs ont fait appel à la fNIRS en vue de mesurer la communication intracérébrale des participants lors de l’exécution d’un exercice précis et durant de courtes périodes de repos. L’équipe de chercheurs avait pour objectif de vérifier l’hypothèse voulant que la cohérence entre les hémisphères gauche et droit soit moindre parmi les personnes atteintes de SP comparativement aux autres en raison de la détérioration de la myéline causée par la sclérose en plaques.

Dans un premier temps, les chercheurs se sont appliqués à relever des données issues de la fNIRS au repos durant une période de cinq minutes auprès de chacun des participants. Ensuite, ces derniers ont eu à exécuter un exercice consistant à faire des tapotements avec les doigts de la main droite (tous étaient droitiers). Cet exercice, entrecoupé de période de repos de 30 secondes, visait à stimuler la fonction motrice des participants.

Résultats

Les résultats des examens de fNIRS ont révélé une hausse des taux d’oxyhémoglobine et d’hémoglobine chez tous les participants durant l’exercice, à savoir une augmentation de l’activité cérébrale de ces derniers. Toutefois, cette élévation s’est avérée moindre chez les sujets atteints de SP comparativement aux autres, et aucune augmentation significative de la concentration globale d’hémoglobine n’a été observée chez les sujets ayant la SP. Enfin, au cours des périodes de repos, les chercheurs n’ont constaté aucune différence significative entre les deux groupes de participants.

Commentaires

Les données issues de cette étude suggèrent une baisse de la cohérence cérébrale chez les personnes atteintes de SP durant l’exécution de certaines tâches, comme l’ont démontré les variations moindres des taux d’oxyhémoglobine des sujets touchés par cette maladie. Par ailleurs, une réduction de la communication dans le cerveau pourrait résulter de l’atteinte physique des nerfs attribuable à la SP.

Les résultats de l’étude appuient également l’idée voulant que la fNIRS constitue une technique utile dans le dépistage et l’évaluation des changements survenant sur le plan fonctionnel chez les personnes atteintes de SP, dans la mesure où une réduction de la communication pourrait être un indicateur de la progression de cette maladie. Signalons que d’autres chercheurs ayant aussi fait appel à la fNIRS avaient déjà rapporté des observations similaires relativement au degré de cohérence cérébrale dans un contexte de SP, ce qui tend à démontrer la fiabilité de la fNIRS. L’étude présentée ici a permis de démontrer le fort potentiel de cette technique non effractive dans les domaines de la recherche sur le cerveau et de la pratique clinique, en ce qui a trait à l’évaluation de l’atteinte de la matière blanche et à la collecte d’indices sur la gravité et la progression de la SP.

Source

JIMENEZ, J. J. et coll. « Detection of reduced interhemispheric cortical communication during task execution in
multiple sclerosis patients using functional near-infrared spectroscopy », Journal of Biomedical Optics, 2014 July; 19(7): 076008-1-076008-5.