L'amiloride, l'ibudilast et le riluzole

Aperçu

L’étude MS-SMART (Multiple Sclerosis-Secondary Progressive Multi-Arm Randomisation Trial) est un projet ayant pris naissance au Royaume-Uni qui a pour but d’évaluer l’efficacité de trois médicaments sur la SP progressive. Les trois médicaments à l’étude sont utilisés actuellement pour le traitement d’autres maladies que la SP; autrement dit, l’évaluation de leur efficacité pour le traitement de la SP progressive s’inscrit dans le cadre d’une démarche d’attribution d’une nouvelle indication.

L’amiloride (Midamor) : Médicament utilize actuellement pour le traitement de l’hypertension (haute pression) et des maladies cardiaques. On a émis l’hypothèse que l’amiloride pourrait exercer des effets neuroprotecteurs chez les personnes atteintes de SP en réduisant la quantité d’ions sodium et calcium qui provoquent des lésions axonales en traversant la membrane neuronale. Une étude pilote menée auprès de 14 sujets a donné des résultats prometteurs : il y a eu un ralentissement de l’atrophie cérébrale chez ces sujets par rapport à ce qu’on avait observé avant l’instauration du traitement. Quoi qu’il en soit, il est impossible de tirer des conclusions formelles des résultats obtenus par un groupe d’aussi petite envergure.

La fluoxétine (Prozac) : médicament utilisé actuellement dans le traitement de la dépression. La fluoxétine fait partie des inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine. On croit qu’elle prévient la déperdition des cellules nerveuses – mécanisme supposément sous-jacent de la progression de la SP – en favorisant la production de certaines molécules du tissu cérébral nécessaires au maintien de l’intégrité des cellules nerveuses. Jusqu’à maintenant, deux essais cliniques de faible envergure ont été menés dans le but d’évaluer l’efficacité de la fluoxétine dans le contexte de la SP. Le premier, qui comportait 40 participants, a révélé que la fluoxétine avait réduit de manière significative le taux de poussées et de nouvelles lésions cérébrales chez les personnes présentant une forme cyclique (poussées-rémissions) de SP, comparativement à celles qui prenaient un placebo (groupe témoin). Dans le second essai, effectué auprès de personnes présentant une forme progressive de SP, la tendance à réduire la progression des incapacités était non significative, selon les scores obtenus à l’EDSS et les résultats du test d’habileté de préhension fine (9-HPT), comparativement au groupe témoin. Ces études étaient cependant trop restreintes pour qu’on puisse en tirer des conclusions définitives.

Le riluzole (Rilutek) : Antiglutamate destine actuellement au traitement de la maladie du motoneurone (sclérose latérale amyotrophique). La libération excessive de glutamate peut être à l’origine de lésions neuronales. En inhibant la libération de glutamate, le riluzole pourrait prévenir la formation des lésions associées à la SP. Une étude pilote de petite envergure sur les effets neuroprotecteurs de ce médicament a été menée auprès de 16 personnes. Les résultats obtenus n’étaient guère concluants. On prévoit donc de réaliser d’autres études sur ce médicament.

MS-SMART est un essai clinique de phase II, à répartition aléatoire, comparatif avec placebo et mené à l’insu. Regroupant 440 participants présentant une forme progressive secondaire de SP, il vise d’abord à déterminer au moyen de l’ imagerie par résonance magnétique si un ou plusieurs des trois médicaments mentionnés ci-dessus peut ralentir le processus d’atrophie cérébrale (diminution de volume du cerveau) chez les personnes atteintes de SP progressive secondaire, comparativement au groupe témoin, au cours d’une période de 96 semaines. Cet essai prévoit également l’évaluation des changements dans le nombre de lésions nouvelles ou agrandies et de plusieurs mesures de neuroprotection, ainsi que la collecte de données sur l’économie de la santé qui pourraient s’avérer utiles dans le cadre d’essais de phase III. L’essai devrait être terminé à l’été 2018.