Alimentation

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On ignore dans quelle mesure l’alimentation peut influer sur le traitement de la SP et l’évolution de celle-ci. Bien qu’il s’agisse d’un sujet d’intérêt pour la collectivité de la SP, peu de données viennent étayer de manière concluante les allégations relatives à l’alimentation dans un contexte de SP. La recherche consacrée aux retombées des stratégies basées sur l’alimentation en cas de SP constitue un véritable défi en raison des difficultés que posent l’élaboration et le suivi d’études portant sur le sujet. Ce qui suit est une brève description des divers régimes alimentaires dont il est généralement question relativement à la prise en charge de la SP.

Régimes alimentaires

Les données de recherche dont on dispose actuellement sur les régimes alimentaires spécialement recommandés aux personnes atteintes de SP ne permettent pas de confirmer l’efficacité de ces régimes.

Régime paléolithique

L’intérêt que suscite depuis peu le régime paléolithique est en grande partie attribuable à sa popularité auprès d’un certain nombre de personnalités. Récemment, deux d’entre elles, atteintes de SP, ont dévoilé avoir recours à ce régime et en tirer des bienfaits. Le régime paléolithique repose sur la consommation de légumes verts, de légumes renfermant du soufre et de viande fraîche. Il exclut le gluten, les aliments transformés, les produits laitiers et les œufs. Les défenseurs de ce régime attribuent ses bienfaits au fait que ce dernier consiste à consommer uniquement des aliments dont disposaient les populations humaines à l’époque préhistorique. Toutefois, les données scientifiques probantes relatives aux effets d’un tel régime chez les personnes atteintes de SP sont insuffisantes, et la plupart des données dont on dispose à ce sujet sont issues de témoignages personnels. En 2014, une étude pilote de petite envergure a été menée sur les effets d’un régime de type paléolithique combiné à la pratique d’exercices de renforcement, à la méditation et à la massothérapie. Les résultats obtenus auprès des personnes ayant pris part à ce programme ont révélé des améliorations significatives au chapitre du degré de fatigue rapporté durant l’étude. Bien qu’encourageante, cette étude a une portée limitée compte tenu du petit nombre de personnes qui y ont participé et du fait qu’elle ne comportait pas de groupe témoin. Globalement, on ne dispose d’aucune donnée scientifique concluante permettant de déterminer l’impact du régime paléolithique chez les gens qui ont la SP.

Régime Swank

Élaboré par le Dr Roy Swank durant les années 1940, ce régime consiste principalement à limiter l’apport en matières grasses ‒ en particulier l’ingestion de gras saturés ‒ à 15 g ou moins par jour. Dans le cadre de ce régime, il est aussi recommandé de prendre, en supplément, de l’huile de foie de morue, importante source d’acides gras oméga-3. Des études ont révélé que, s’il est suivi fidèlement, le régime Swank procure des bienfaits du point de vue de la progression de la SP. Selon certains chercheurs, ces études présentent toutefois des failles sur le plan méthodologique, telle l’absence de groupes témoins qui normalement permettent la comparaison des données obtenues.

Régime contre la SP (Overcoming MS Diet)

Semblable au régime Swank, le régime contre la SP, mis au point par George Jelinek en 1999, consiste à éviter les apports en gras saturés et à exclure la consommation de produits laitiers et de viande. Les suppléments en acides gras omega-3 et en vitamine D sont recommandés, de même que la méditation et l’exercice.

Régime « Best Bet »

Mis au point par Ashton Embry, ce régime exclut la consommation de produits laitiers, de céréales et de légumineuses. Il repose sur une hypothèse voulant que des protéines provenant des aliments ingérés et n’ayant pas été complètement digérées passent dans le sang circulant, d’où elles activent le système immunitaire. Bien que certaines données empiriques suggèrent que ce régime contribue à soulager les symptômes de la SP, aucune publication de recherche ne vient étayer l’efficacité d’une telle démarche.


 

Sodium

Le Dr Markus Kleinewietfeld et ses collègues ont récemment publié le rapport d’une étude qu’ils ont consacrée aux effets d’une alimentation riche en sodium sur des souris présentant une maladie semblable à la SP. Les résultats de leurs investigations ont démontré que la hausse de la teneur en sel de l’alimentation des souris à l’étude entraînait l’augmentation du nombre de cellules Th17, lesquelles jouent un rôle important dans le processus pathologique des maladies auto-immunes, dont la SP. Les chercheurs ont aussi constaté que la production accrue de cellules Th17 avait mené à une hausse du nombre de cytockines pro-inflammatoires. De plus, les souris dont l’alimentation était riche en sodium ont présenté des symptômes de SP plus graves comparativement aux autres souris. Les résultats de cette étude suggèrent que l’accroissement de l’apport alimentaire en sodium peut constituer un facteur de risque de maladie auto-immune, telle la SP.

Cholestérol

Les statines sont des médicaments que les médecins prescrivent couramment pour réduire les taux élevés de mauvais cholestérol. Or, des observations récentes ont démontré que les statines pourraient également avoir des propriétés neuroprotectrices et immumodulatrices. D’autres résultats de recherche publiés auparavant par les chercheurs J. Wang et S. Bhardwaj et leurs collaborateurs respectifs avaient pourtant soutenu l’absence d’effets bénéfiques (ou nuisibles) des statines chez les personnes atteintes d’une forme cyclique de SP. Toutefois, un essai clinique de phase II dont il a été question dans un article récent publié par le Dr Jeremy Chataway, du Royaume-Uni, a permis d’obtenir des résultats prometteurs relativement au potentiel thérapeutique des statines chez les personnes ayant une forme progressive secondaire de SP. Les participants à l’étude avaient reçu durant deux ans soit une dose élevée de simvastatine (80 mg), soit un placebo. Les chercheurs ont constaté un taux d’atrophie cérébrale inférieure de 43 % chez les sujets traités par la simvastatine par rapport au groupe placebo. Bien que l’administration de doses élevées de simvastatine ait été bien tolérée dans le cadre de cette étude, des essais de plus grande envergure et de plus longue durée que cette dernière seront nécessaires pour qu’on puisse établir le profil d’innocuité et la tolérabilité à long terme des traitements impliquant des doses élevées de statines. Même s’ils sont prometteurs, les résultats de cette étude constituent des données préliminaires et doivent être confirmés par d’autres travaux de recherche, lesquels devraient contribuer à déterminer l’ensemble des bienfaits cliniques des statines dans le contexte de la SP. 


 

Ressources
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