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La vitamine D est un nutriment essentiel qui suscite de plus en plus d’intérêt dans le contexte de la sclérose en plaques. Cette vitamine est présente sous deux formes : la D 2 et la D 3, respectivement l’ergocalciférol et le cholécalciférol. Ces deux formes sont transformées par l’organisme en 25-hydroxyvitamine D (ou « 25(OH)D »), molécule dont la concentration sanguine permet d’établir le taux de vitamine D d’une personne. La 25(OH)D est convertie en 1,25-dihydroxyvitamine D, soit la forme hormonale biologique active de la vitamine D dans l’organisme. Cette vitamine D est produite par l’organisme sous l’effet des rayons du soleil; elle peut aussi provenir de la prise de suppléments, de même que de l’alimentation, en moindre quantité (poissons gras, produits laitiers enrichis de vitamine D et jaunes d’œuf).
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Un volume croissant de données probantes associe une carence en vitamine D à la sclérose en plaques (SP). Les expérimentations cellulaires et animales ont montré que la vitamine D et ses métabolites peuvent réguler le système immunitaire en se liant aux récepteurs de cette vitamine présents à la surface de certaines cellules immunitaires et en interagissant avec les gènes associés à l’auto-immunité 1. Plus précisément, la vitamine D freine l’activité des cellules T pro-inflammatoires – y compris les cellules T facilitatrices (Th)-1 et Th-17 – qui libèrent des facteurs chimiques causant l’inflammation néfaste caractéristique de la SP 2,3,4. Les effets protecteurs de la vitamine D contre ces deux types de cellule 5 permettent de réduire le degré d’incapacité chez des modèles murins (souris) de SP 6. La vitamine D stimule également l’action des cellules T régulatrices, type de cellule immunitaire protectrice capable d’atténuer les effets des maladies auto-immunes 7. Outre ses propriétés immunomodulatrices, la vitamine D peut aussi contribuer à la réparation des lésions neurologiques provoquées par l’inflammation associée à la SP en stimulant la multiplication des cellules souches neurales et la maturation de ces dernières en neurones et en cellules productrices de myéline, à savoir les oligodendrocytes, qui, à leur tour, activent la remyélinisation8,9,10. Les propriétés immunomodulatrices de la vitamine D additionnées aux effets de cette dernière sur la production d’oligodendrocytes ont permis de freiner une maladie semblable à la SP chez des souris 11.
Le lien entre la vitamine D et la sclérose en plaques a d’abord été soupçonné lors d’études menées auprès de populations ayant montré que la SP était surtout répandue dans les pays éloignés de l’équateur, où les gens sont moins exposés au soleil, en particulier durant l’hiver 12. Une étude réalisée en Australie a permis d’appuyer cette hypothèse. Les auteurs de cette étude ont voulu vérifier le lien entre le degré d’exposition au soleil, le taux de vitamine D et la conversion vers la SP chez des personnes ayant subi un premier épisode de symptômes évocateurs de la SP (appelé syndrome clinique isolé – SCI). Les chercheurs en sont venus à la conclusion que l’exposition au soleil pourrait permettre de prévenir la conversion du SCI à la SP 13. On a aussi remarqué que le risque de SP pouvait fluctuer au sein d’une même région géographique : des variations dans la durée de l’exposition au soleil, selon les saisons, peuvent aboutir à des fluctuations du risque de SP selon le mois de naissance. Ainsi, dans les pays nordiques, les personnes nées en mai présentent un risque de SP plus élevé que celles qui sont nées en novembre 14, alors que le contraire est observé dans les pays du sud où les saisons sont inversées 15. Cette fluctuation du risque de SP en fonction des saisons reflète le taux général de vitamine D, qui est plus faible au printemps et plus élevé à l’automne dans l’hémisphère nord. Cela dit, le lien entre le risque de SP et le mois de naissance a fait l’objet de controverses, et les scientifiques sont toujours divisés quant à savoir s’il s’agit là d’un phénomène authentique ou d’une anomalie statistique 16,17. Des études ont par ailleurs permis d’établir un lien entre de faibles taux de vitamine D durant l’hiver et un nombre accru de poussées 18. De même, une étude transversale a montré que les variations saisonnières du taux sérique de 25(OH)D étaient inversement associées à l’activité de la maladie 19. Une étude menée en Allemagne a quant à elle révélé que l’efficacité d’un supplément de vitamine D est accrue en hiver et au début du printemps, puisqu’il permet de réduire le taux trimestriel de poussées durant l’hiver 20.
De nombreuses études ont montré que le risque de SP décroît en présence de taux sanguins élevés de 25(OH)D ou d’apports importants en vitamine D au sein de diverses populations. Dans le cadre d’une vaste étude de cohorte comprenant 200 000 femmes ayant participé à une étude américaine sur la santé des infirmières (Nurses' Health Study), les chercheurs ont constaté qu’un apport de 400 UI de vitamine D était associé à une diminution de 40 % du risque de SP 21. Par ailleurs, lors d’une étude prospective menée au Canada auprès d’enfants et d’adolescents présentant une démyélinisation, des taux élevés de 25(OH)D ont été associés à un faible risque de SP 22. Une analyse par randomisation mendélienne réalisée auprès de personnes chez qui la SP était apparue durant l’enfance a d’ailleurs permis d’appuyer ces résultats. Cette analyse a en effet démontré que de faibles taux de vitamine D étaient associés à un risque accru d’apparition de la SP durant l’enfance au sein d’une population de personnes de race blanche d’origine non hispanique 23. Une autre étude prospective menée aux États-Unis et mettant à contribution plus de sept millions de militaires a démontré une réduction du risque de SP de 51 % chez ceux dont le taux de 25(OH)D était de 100 nmol/l ou plus 24. Une autre étude prospective a quant à elle révélé qu’un taux élevé de 25(OH)D chez les adolescents ou les jeunes adultes – soit à l’âge où la maladie apparaît en général – était associé à une diminution du risque d’apparition de la SP plus tard dans la vie 25.
Certaines des données les plus probantes militant en faveur d’un lien de cause à effet entre la vitamine D et le risque de SP proviennent d’études génétiques épidémiologiques. Récemment, l’une d’elles a permis de rassembler les données génétiques de vastes populations européennes qui ont été soumises à une analyse par randomisation mendélienne afin de vérifier le lien entre le taux de 25(OH)D et le risque de SP 26. Les chercheurs ont découvert que l’abaissement génétique du taux de 25(OH)D était associé à un accroissement du risque de SP chez les personnes d’origine européenne.
Une autre analyse par randomisation mendélienne effectuée auprès d’une vaste population a montré qu’une carence en vitamine D pourrait causer la SP, indépendamment des facteurs de risque déjà connus 27. Des études récentes ont quant à elles révélé que les variations des gènes liés à la vitamine D pouvaient être à l’origine d’un faible taux de vitamine D et d’un risque accru de SP 28,29.
D’autres études laissent également supposer qu’une carence en vitamine D peut accroître non seulement le risque de SP, mais aussi l’activité de cette maladie et son évolution clinique. Un groupe de chercheurs de l’Université de la Californie qui tentait d’établir une corrélation entre le taux de vitamine D et les lésions cérébrales mises en évidence par l’IRM a découvert qu’un taux sanguin élevé de 25(OH)D était associé à une diminution de l’activité des lésions cérébrales 30. De leur côté, des chercheurs de l’École de santé publique de l’Université Harvard ont effectué une étude de suivi auprès de personnes atteintes du SCI (dont plus de 80 % ont finalement reçu un diagnostic de SP) présentant un taux élevé de 25(OH)D. Ces dernières affichaient une réduction du nombre de lésions cérébrales actives et de poussées, un ralentissement de l’atrophie cérébrale et de l’évolution de la maladie et une diminution de l’incapacité clinique 31 comparativement aux personnes dont le taux de 25(OH)D était faible. Les chercheurs en ont conclu que la présence d’un faible taux de vitamine D aux stades précoces de la maladie constituait un facteur de risque important d’incapacité liée à la SP et de progression de la maladie au long cours. Des résultats similaires ont été obtenus dans le cadre d’une étude de cohorte comportant 145 participants présentant une forme cyclique (poussées-rémissions) de SP : un taux sanguin élevé de 25(OH)D fut associé à une réduction du risque de poussée 32. Récemment, une étude intégrant les données d’un sondage et d’une évaluation clinique menés auprès de personnes atteintes de SP a permis de déterminer les effets sur la santé de la latitude, de l’exposition délibérée au soleil et de la supplémentation en vitamine D. La supplémentation en vitamine D a été liée à une bonne qualité de vie sur le plan de la santé et à une réduction du taux de poussées. Une latitude élevée a quant à elle été associée à une augmentation de l’incapacité et du taux de poussées 33. Lors d’une étude réalisée au Brésil auprès de 136 personnes atteintes de SP, des chercheurs ont établi un lien entre une carence en vitamine D (soit < 20 µg/ml) et la progression de la maladie 34. Enfin, lors d’une étude prospective à laquelle ont pris part 36 personnes qui avaient reçu un diagnostic de névrite optique, une déperdition neuronale et possiblement axonale a été associée à une carence en vitamine D 35.
Tandis que l’association entre le taux de vitamine D et le risque de SP se révèle passablement forte, il semble moins évident qu’une supplémentation en vitamine D puisse atténuer les effets de cette maladie. Il faut savoir que les études comparatives à répartition aléatoire s’avèrent les plus rigoureuses sur le plan scientifique lorsqu’il s’agit d’évaluer les effets de l’apport en vitamine D sur l’évolution de la SP, c’est-à-dire sur des paramètres comme l’incapacité, le nombre de lésions cérébrales, l’activité de cellules immunitaires et le taux de poussées. Malheureusement, trop peu d’études ont été menées dans ce domaine, et les résultats obtenus n’ont pas été concluants.
À ce jour, quatre études ont révélé que la vitamine D n’avait pas permis d’obtenir d’effets thérapeutiques significatifs comparativement à un placebo36,37,38,39, et une autre a permis d’établir qu’une dose élevée de suppléments de vitamine D 2 n’était pas plus efficace qu’une faible dose de cette forme de vitamine D 40. Lors de l’étude SOLAR, soit un essai clinique à double insu et à répartition aléatoire, 229 personnes atteintes de SP ont reçu soit une dose élevée de vitamine D, soit un placebo. La forte dose de vitamine D n’a pas permis d’observer de changements quant à l’activité de la maladie (mesurée par la survenue de poussées), à la progression de l’incapacité et aux lésions. De même, lors de l’étude CHOLINE, une forte dose de vitamine D n’a pas eu d’effet sur le nombre de poussées, qui constituait le principal critère d’évaluation, comparativement à un placebo.
Inversement, selon les résultats de cinq autres études, une supplémentation en vitamine D a eu des effets positifs sur l’évolution de la SP; ces bienfaits variaient toutefois selon les études 41,42,43,44,45. Par exemple, une étude d’innocuité sur une dose élevée de vitamine D 3 a généré des données préliminaires probantes quant à la réduction du nombre de poussées et à la diminution de l’activité des cellules immunitaires 41. Une autre étude a permis de constater que la supplémentation en vitamine D 3 chez des participants atteints de névrite optique et présentant un faible taux de 25(OH)D pouvait réduire le risque d’une évolution de leur état vers la SP et faire diminuer légèrement le nombre de lésions cérébrales 42. Lors d’une autre étude, les participants à un essai comparatif à double insu et à répartition aléatoire qui prenaient de la vitamine D 3 et un immunomodulateur ont bénéficié d’une réduction du nombre de leurs lésions cérébrales et d’une diminution mineure de leurs incapacités 43. À l’occasion d’une quatrième étude, on a recommandé aux participants qui prenaient du natalizumab et qui présentaient un faible taux sérique de 25(OH)D de prendre des suppléments de vitamine D, ce qui a eu pour effet de réduire de façon considérable le taux annualisé de poussées 44. Enfin, lors d’une cinquième étude, des chercheurs se sont intéressés aux effets de la supplémentation en vitamine D sur la cognition chez des personnes qui recevaient de l’interféron bêta. Des améliorations ont été observées lors de tests portant sur la mémoire visuospatiale et sur un léger trouble de la fonction cognitive. La supplémentation en vitamine D s’est toutefois montrée inefficace relativement aux autres mesures de la fonction cognitive 45.
Aucun événement indésirable, telle la toxicité de l’une ou l’autre dose à l’étude de vitamine D 2 ou D 3, n’a été relevé dans le cadre de ces essais cliniques, et une seule étude a révélé de légers événements indésirables chez des participants ayant reçu la forme hormonale active de la vitamine (calcitriol) 46.
D’autres études portent actuellement sur l’efficacité de la vitamine D en tant que traitement potentiel de la SP. L’essai EVIDIMS (Efficacy of Vitamin D Supplementation in MS) se veut une étude pilote de phase II sur les effets de suppléments à fortes doses de vitamine D 3 sur les lésions cérébrales, l’activité inflammatoire, la progression de l’incapacité et la qualité de vie. De même, les chercheurs qui dirigent le vaste essai VIDAMS (Vitamin D to Ameliorate MS) visent à déterminer si de fortes doses de vitamine D 3 peuvent réduire le taux de poussées et l’activité cérébrale pathologique tout en améliorant la qualité de vie. Ces deux études comptent parmi plusieurs autres qui ont pour but la résolution de cette importante question.
L’une des principales difficultés qu’éprouvent les chercheurs qui s’intéressent au lien entre la vitamine D et la SP réside dans le fait que les nombreuses études menées jusqu’à présent sont de nature observationnelle. Ce type d’études produit des données corrélationnelles plutôt que causales et peut comporter des facteurs contextuels parfois imprévus et donc incontrôlés, susceptibles d’obscurcir la compréhension du lien entre la vitamine D et la SP. En d’autres termes, la plupart des études observationnelles ne peuvent permettre de conclure qu’une carence en vitamine D est causée par la SP ou que la SP est attribuable à une telle carence. Par exemple, l’interprétation des résultats d’études sur le lien entre le taux de vitamine D et l’incapacité se trouve compliquée par le fait que les participants très handicapés ont davantage tendance à demeurer à l’intérieur, réduisant ainsi leur exposition au soleil 47. Par conséquent, même s’il est utile de savoir que les personnes atteintes de SP sont plus sujettes que les autres à présenter une carence en vitamine D, ces études ne peuvent fournir de données probantes confirmant qu’une carence en vitamine D entraîne les incapacités liées à la SP ou que les personnes les plus handicapées produisent moins de vitamine D en raison d’une exposition insuffisante au soleil.
Les essais cliniques comparatifs à répartition aléatoire
demeurent le meilleur moyen d’établir le lien de cause à effet
entre une intervention particulière et l’évolution d’une
maladie. C’est pourquoi plusieurs études passées et actuelles
ont pour but de déterminer si une supplémentation en vitamine D
peut traiter efficacement les symptômes de la SP et ralentir la
progression de cette maladie. Il est toutefois difficile de
comparer les résultats de ces études, en raison des différences
dans les doses et les formes de vitamine D administrées – D
2 ou D3 – et parfois de leur faible
envergure ou de leur courte durée, ce qui ne permet pas de
tirer de conclusions valides du point de vue statistique.
Seules les données issues d’essais cliniques rigoureux sur le
plan scientifique pourront permettre de vérifier l’innocuité
d’une supplémentation en vitamine D et de déterminer si cette
intervention est efficace pour les personnes qui vivent avec la
SP.
Voici quelques mesures proactives que tous les Canadiens peuvent adopter pour conserver un taux optimal de vitamine D :
La Société canadienne de la sclérose en plaques a publié des recommandations relatives à la prise de suppléments de vitamine D et fondées sur des données probantes, qui pourront aider les personnes atteintes de SP à prendre des décisions éclairées sur leur santé.
En vue de l’élaboration de ces recommandations, la Société de la SP a réuni des scientifiques, des cliniciens, des membres du personnel d’autres organismes nationaux de la SP et une personne atteinte de cette maladie afin que ceux-ci examinent les données disponibles sur le lien entre vitamine D et SP. Les discussions qui ont été tenues ont donné lieu à la formulation d’énoncés reposant sur des données probantes, qui ont par la suite constitué la base des recommandations.
Les recommandations de la Société de la SP procurent de l’information sur le rôle de la vitamine D dans l’organisme, de même que sur les recommandations de Santé Canada relativement à la vitamine D, y compris les sources de vitamine D. S’y trouve également de l’information quant à l’apport quotidien suggéré pour diverses populations touchées par la SP – dont les personnes à risque de SP (enfants et adultes dont un membre de la famille biologique est atteint de SP) et les personnes atteintes de SP – et au maintien d’un taux optimal de vitamine D. Soulignons que le taux de vitamine D est mesuré au moyen d’une analyse sanguine. Enfin, sont aussi abordés dans les recommandations d’autres sujets comme l’ostéoporose et la toxicité de la vitamine D.
Ressources :