L’ocrélizumab

Aperçu

  • Nom de marque : Ocrevus (Genentech / Roche)
  • Voie d’administration : deux perfusions intraveineuses de 300 mg d’ocrélizumab administrées à deux semaines d’intervalle
  • Classe thérapeutique : anticorps monoclonal humanisé
  • Traitement émergent approuvé par Santé Canada* et la Food and Drug Administration (FDA – Secrétariat américain aux produits alimentaires et pharmaceutiques) (* approbation conditionnelle pour le traitement de la SP progressive précoce)

On pense que l’ocrélizumab influe sur la réponse immunitaire en provoquant la lyse (destruction) des lymphocytes B lorsqu’il se lie à la protéine CD20, qui est présente à la surface de ces cellules. L’ocrélizumab a été approuvé pour le traitement des formes rémittentes de la SP.

Mode d’action

L’ocrélizumab est la forme humanisée du rituximab, anticorps murin dirigé contre la protéine CD20 qui s’est révélé relativement efficace dans le traitement de la SP cyclique. En principe, cet anticorps humanisé est moins immunogène que le rituximab et est donc moins susceptible que ce dernier de provoquer des réactions liées à la perfusion.

Les lymphocytes B sont soupçonnés de participer aux réponses immunitaires anormales observées en présence de SP, et on croit que les effets de l’ocrélizumab sur ces réponses sont attribuables à son action sur les lymphocytes B. En se liant à CD20, protéine exprimée à la surface de ces cellules, l’ocrélizumab provoque leur lyse. Les effets de ce médicament se manifestent donc par une déplétion des lymphocytes B, qui est fonction de la dose administrée.

Travaux de recherche et résultats

Essai clinique de phase III : étude ORATORIO

L’étude ORATORIO était un essai multicentrique de phase III, comparatif avec placebo, à double insu et à répartition aléatoire, qui a été mené en vue de l’évaluation de l’efficacité de l’ocrélizumab dans le ralentissement de la progression des incapacités cliniques associées à la SP progressive primaire (SPPP). En tout, 732 adultes atteints de SPPP ont pris part à cette étude et ont été répartis au hasard, selon un ratio de 2:1, pour recevoir soit deux perfusions intraveineuses de 300 mg d’ocrélizumab (administrées à deux semaines d’intervalle), soit un placebo. Le traitement par l’ocrélizumab a significativement réduit la proportion de participants chez qui une progression de l’incapacité soutenue a pu être observée après 12 semaines selon les scores obtenus à l’échelle élaborée d’incapacité de Kurtzke (EDSS) (32,9 % des personnes traitées par l’ocrélizumab comparativement à 39,3 % des personnes ayant reçu le placebo). Les chercheurs ont également constaté que l’ocrélizumab avait significativement réduit la proportion de participants présentant une progression de l’incapacité après 24 semaines (29,6 % des personnes traitées avec l’ocrélizumab, comparativement à 35,7 % des personnes ayant reçu le placebo). L’ocrélizumab s’est aussi révélé supérieur au placebo quant à certains paramètres d’évaluation secondaires. Par exemple, après 120 semaines, les chercheurs ont enregistré une augmentation du temps requis pour parcourir une distance de 8 mètres à la marche (test de la marche chronométrée de 25 pieds) chez une proportion moindre de participants traité par l’ocrélizumab (38,9 %), comparativement aux témoins (55,1 %). A également été constatée une amélioration de certaines mesures d’IRM, notamment le volume des lésions et l’atrophie cérébrale, chez les participants traités par l’ocrélizumab.

Les effets indésirables les plus fréquemment rapportés relativement au groupe traité sont les suivants : réactions liées à la perfusion et infections (rhinopharyngite, infection urinaire, grippe et infection des voies respiratoires supérieures). Cinq décès ont été signalés durant l’étude ORATORIO, dont quatre décès dans le groupe ocrélizumab, qui étaient attribuables notamment à une embolie pulmonaire, à une pneumonie et à un cancer du pancréas. Dans le groupe témoin, un des participants serait décédé d’une cause non médicale.

En se basant sur les données issues des études déterminantes de phase III consacrées à l’ocrélizumab, la Food and Drug Administration (FDA – Secrétariat américain aux produits alimentaires et pharmaceutiques) a approuvé ce médicament pour le traitement des formes rémittentes de SP (y compris la SP progressive secondaire accompagnée de poussées) et celui de la SP progressive primaire.

Santé Canada a approuvé l’Ocrevus (ocrélizumab), avec conditions, pour le traitement de la SPPP chez les adultes aux premiers stades de cette forme de SP, qui se définit par la durée de la maladie et le degré d’incapacité (mesuré au moyen de l’EDSS).

Un avis de conformité avec condition (AC-C) est une autorisation de commercialisation d’un médicament qui est accordée par Santé Canada au fabricant pourvu que celui-ci entreprenne d’autres études afin de vérifier les bienfaits cliniques de ce médicament. En vertu de l’AC-C relatif à l’Ocrevus, une nouvelle étude clinique dont l’objectif consiste à confirmer l’efficacité et les bienfaits cliniques de ce médicament est menée auprès de personnes atteintes de SPPP.

Essai clinique de phase III : étude O’HAND

L’étude O’HAND est un essai clinique de phase IIIb, multicentrique, comparatif avec placebo, à double insu et à répartition aléatoire, au cours duquel on évaluera l’efficacité et l’innocuité de l’ocrélizumab chez des personnes atteintes de SPPP, y compris des personnes dont la maladie a atteint un stade avancé (personnes âgées de 65 ans au maximum). Les auteurs de cette étude prévoient sélectionner 1 000 participants, qui seront ensuite répartis au hasard pour recevoir de l’ocrélizumab (deux perfusions intraveineuses de 300 mg à deux semaines d’intervalle) ou un placebo pendant au moins 120 semaines. L’étude comprendra également deux visites de suivi, une phase de prolongation facultative en mode ouvert et une phase de surveillance des lymphocytes B. Le paramètre d’évaluation principal sera le temps écoulé avant la progression des incapacités des membres supérieurs après 12 semaines de traitement, et les paramètres secondaires comprendront la progression des incapacités et les lésions mises en évidence par IRM. Le recrutement de participants pour l’étude O’HAND est en cours.

On prévoit que ces travaux de recherche se termineront en avril 2028.

Références

MONTALBAN, X., et coll. « Ocrelizumab versus Placebo in Primary Progressive Multiple Sclerosis », N Engl J Med., 2017; 376 : 209-220