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Le Canada affiche un des taux de sclérose en plaques les plus
élevés du monde, et la cause de cette affection n’a pas encore
été entièrement élucidée. Les divers travaux de recherche menés à
ce jour sur les causes sous-jacentes de la SP ont toutefois
permis d’établir que divers facteurs entraient en jeu dans
l’apparition de cette maladie. Ces facteurs de risque – soit les
caractéristiques ou les circonstances pouvant accroître le risque
de SP – relèvent des catégories suivantes : facteurs
environnementaux, agents infectieux et facteurs génétiques. Leur
combinaison est soupçonnée de jouer un rôle dans l’apparition de
la SP. Récemment, des chercheurs ont découvert que les bactéries
qui résident dans l’intestin constituaient l’un de ces facteurs.
La compréhension de la manière dont chacun de ces facteurs de
risque contribue au déclenchement de la SP pourrait mener à
l’élaboration de traitements ciblés et, ultérieurement, à la
découverte d’un remède contre cette maladie.
Certains milieux et modes de vie peuvent augmenter le risque de SP. Parmi les facteurs environnementaux les plus étudiés figurent les taux de vitamine D, l’obésité chez l’enfant et le tabagisme. Une carence en vitamine D peut influer sur le risque de SP tôt dans la vie1, et il s’est avéré que l’obésité constitue un facteur crucial quant au risque de SP durant l’adolescence2. L’association du tabagisme à la SP est cependant plus complexe : des données probantes ont en effet démontré qu’il pourrait y avoir un lien entre la fumée secondaire et le risque de SP pédiatrique3, tandis que le tabagisme constituerait un facteur important dans l’apparition de la SP à l’âge l’adulte4.
Les études dont l’association entre la latitude et la prévalence de la SP a fait l’objet au début des années 1960 ont révélé, d’une part, que les populations vivant dans les régions du monde éloignées de l’équateur présentaient un taux de SP plus élevé comparativement aux autres populations et, d’autre part, que les diagnostics de SP étaient plus couramment posés durant les mois d’hiver5. Ce sont ces résultats convaincants qui ont incité les chercheurs à s’intéresser davantage au lien pouvant exister entre l’exposition au soleil, les taux de vitamine D et le risque de SP. L’association entre la vitamine D et la SP est maintenant bien documentée, et il est possible d’en savoir plus à ce sujet en cliquant ici.
Des travaux de recherche ont aussi été menés récemment sur les effets de la prise de suppléments de vitamine D chez les personnes traitées par un médicament modificateur de l’évolution de la SP[LB1] .
L’indice de masse corporelle (IMC) est utilisé comme mesure étalon permettant de quantifier l’embonpoint ou l’obésité. Une personne qui présente un IMC de plus de 30 kg/m2 est dite obèse, tandis qu’un IMC supérieur à 25 kg/m2 mais ne dépassant pas 30 kg/m2 est considéré comme un signe d’embonpoint8. Le lien entre l’obésité et la SP ainsi que les implications de l’obésité quant au risque de SP constituent un champ d’investigation assez récent.
Des chercheurs se sont employés à étudier l’impact de l’obésité sur l’efficacité des traitements actuellement offerts contre la SP :
Le tabagisme constitue un autre facteur de risque de SP modifiable.
Si un lien entre l’inhalation de la fumée de cigarette et le risque de SP avant l’apparition de la maladie a pu être établi, l’impact que pourrait avoir le fait de cesser de fumer sur la progression de l’incapacité chez les personnes atteintes de SP a suscité un nombre limité de travaux de recherche jusqu’ici.
Comme il a été possible d’établir un lien entre le fait d’arrêter de fumer et la réduction du fardeau qu’impose la SP cyclique, il importe de prendre en considération l’incidence que le tabagisme pourrait avoir sur l’évolution de la SP et l’accumulation des incapacités chez les personnes aux prises avec une forme progressive primaire de SP (SPPP).
De nombreux agents infectieux ont fait l’objet d’études visant à évaluer s’ils pouvaient constituer des facteurs de risque de SP. Le virus d’Epstein-Barr (VEB) est celui pour lequel on dispose des meilleures données probantes en la matière. Le VEB est la principale cause de la mononucléose infectieuse, maladie très courante chez les adolescents. La primo-infection par ce virus durant l’adolescence est à l’origine d’une mononucléose infectieuse chez plus de la moitié des personnes concernées17, et les personnes qui ont reçu un diagnostic clinique de mononucléose infectieuse présentent un risque plus que doublé d’avoir la SP18.
Les virus latents sont omniprésents dans le système nerveux central (SNC) humain. La majorité d’entre eux appartiennent à la famille des herpèsvirus humains. Plus particulièrement, l’herpèsvirus humain de type 6A (HVH-6A) a tendance à demeurer à l’état latent, état dans lequel il n’est pas très virulent. Qu’il soit infectieux ou non, sa présence peut être décelée dans le sang de toute personne infectée grâce aux protéines qu’il produit. Des études antérieures ont démontré que la production de protéines liées à l’HVH-6A est plus importante dans le sang des personnes atteintes de SP qu’elle ne l’est dans celui des personnes qui n’ont pas cette maladie21,22.
On croit que les variantes de nombreux gènes contribuent au risque de SP. Les variations génétiques qui ont été les mieux étudiées à ce jour sont celles du gène HLA-DRB1, qui appartient au système HLA (human leukocyte antigen), ou complexe majeur d’histocompatibilité. C’est grâce au système HLA que le système immunitaire est capable de faire la distinction entre les protéines de l’organisme et celles qui sont produites par des envahisseurs étrangers (comme les virus ou les bactéries). Il existe de nombreuses variantes (allèles) des gènes du système HLA, et c’est cette grande variété génétique qui permet au système immunitaire de réagir en présence d’envahisseurs étrangers. Les variantes de nombreux gènes du système HLA ont été associées à une hausse du risque de SP. De toutes ces variations génétiques, la mutation HLA-DRB1* 1501 est celle qui est la plus fortement associée à l’apparition de la SP25,26.
Bien qu’il soit possible que l’allèle HLA-DRB1* 1501 constitue un facteur de risque d’apparition de la SP, il n’est pas considéré pour autant comme un facteur génétique susceptible d’influer sur l’évolution clinique ou la gravité de cette maladie.
Les milliards de bactéries qui sont abritées par les intestins forment ce qu’on appelle le microbiote intestinal. On a récemment découvert que les changements au sein de ce microbiote pourraient constituer des facteurs de risque de SP. Les premières études sur la question ont mis en évidence des souches de bactéries qui sont en plus grand nombre chez les personnes atteintes de SP que chez les témoins en bonne santé. Les travaux de recherche subséquents qui sont partis de cette observation visaient à déterminer de quelle façon ces populations de bactéries en surnombre agissent sur le système immunitaire et contribuent au risque de SP.
Il est important de noter que ces deux études prometteuses ont été menées auprès d’un faible nombre de personnes atteintes de SP, mais que les travaux de recherche se poursuivent dans ce domaine. Le microbiote intestinal et les différences observées entre les personnes atteintes de SP et celles qui sont exemptes de SP quant à la composition de ce microbiote ouvriront peut-être un jour de nouvelles perspectives thérapeutiques prometteuses. Mais d’ici là, il faut multiplier les projets de recherche qui aideront à découvrir comment les bactéries intestinales peuvent déclencher la SP et comment elles sont susceptibles d’interagir avec d’autres facteurs de risque de cette maladie.
De récentes études axées sur les interactions entre les facteurs génétiques et les facteurs environnementaux et sur le risque de SP ont été menées afin d’examiner le rôle de divers facteurs de risque de SP connus et de déterminer comment ces facteurs pouvaient influer ensemble sur le risque de SP :
Cela dit, il y a également eu des travaux qui n’ont mis en évidence aucune interaction entre certains facteurs de risque associés à l’apparition de la SP. Par exemple, Kjetil Bjørnevik, de l’Université de Bergen, en Norvège, et ses collaborateurs ont recueilli les données de 1 904 personnes atteintes de SP et de 3 694 personnes exemptes de cette maladie. Les dossiers de ces sujets, qui résidaient en Norvège, en Italie ou en Suède, faisaient tous état du statut tabagique et de la présence d’antécédents de mononucléose infectieuse. Il est apparu que chacun des facteurs de risque à l’étude, à savoir le tabagisme et la mononucléose infectieuse, augmentait à lui seul le risque de SP au sein de toutes les populations à l’étude. En revanche, l’évaluation des effets combinés de ces deux facteurs a révélé que leur association n’augmentait pas le risque de SP. Autrement dit, ces résultats indiquent que le tabagisme et la mononucléose infectieuse contribuent tous les deux à accroître le risque de SP, mais qu’ils le font de manière indépendante. Il se peut toutefois que leurs effets respectifs sur les mécanismes biologiques sous-jacents à la SP empruntent des voies similaires, mais il faudra mener d’autres études pour analyser cette question et y répondre de façon concluante34.
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